BD. Georges Fotheringay est un individu comme les autres, un clerc de notaire tout ce qu’il y a de plus normal, voire banal. Pourtant, un jour qu’il disserte avec d’autres clients d’un pub des miracles, il en accomplit un sous leurs yeux : il parvient, en effet, par la seule volonté de sa pensée à retourner une lampe à pétrole. Bien sûr, les témoins présents, imbibés de bière, n’en croient rien. Tout comme le docteur, devant qui Fotheringay a pourtant fait apparaître un cactus, ni le radiologue, ni la médium, ni le psychologue qu’il consulte pour comprendre ce qui lui arrive. En fait, le seul à croire à son don est le pasteur Maydig…qui voit surtout en lui la possibilité de devenir archevêque voire pape…
Depuis quelques années Munuera s’est lancée dans une série d’adaptations avec notamment Bartleby le scribe de Melville en 2022 ou encore le très réussi Peter Pan de Kensington de Barrie en 2024. La sortie de L’homme qui pouvait accomplir des miracles de Wells ne fait que confirmer cette tendance. Une nouvelle méconnue de l’auteur de La Guerre des mondes ou encore de L’Homme invisible que Munuera s’approprie une nouvelle fois avec talent. Graphiquement soigné (le trait est aussi précis qu’élégant et la mise en couleur nous plonge avec efficacité dans l’Angleterre victorienne) et construit avec habileté, il permet à l’espagnol, au-delà du portrait, parfois humoristique, de Fotheringay (dont l’auteur se moque par moments) qu’il livre, de pointer du doigt les dangers pour l’Homme de vouloir jouer à l’apprenti sorcier ou la menace que ferait peser sur le monde la concentration de trop de pouvoirs dans les mains d’un seul individu…
Une adaptation réussie d’une nouvelle qui reste finalement très actuelle à laquelle manque cependant la puissance poétique de son prédécesseur Peter Pan de Kensington.
(Récit complet, 72 pages – Dargaud)