BD. Depuis qu’ils ont décidé d’adapter les grands textes de la littérature pour rendre hommage à leurs auteurs, les frères Brizzi alternent les sorties chez leurs deux éditeurs attitrés : Futuropolis et Daniel Maghen. Et après que leur Fantôme de l’opéra soit paru l’an dernier chez Futuropolis, Macbeth sort donc cette fois, en toute logique, chez Daniel Maghen. Pour un résultat toujours aussi épatant. Leur façon de travailler reste la même : une grande fidélité au texte d’origine et des craies grasses (majoritairement noires sauf quand la folie prend possession du couple Macbeth, le rouge faisant alors son apparition) pour le mettre en images. Le talent fait le reste (le duo, qui travaille à quatre mains, rappelons-le, livre, de nouveau, quelques planches d’une somptueuse beauté). Il consiste ici à remplacer le texte (ils n’ont pu en garder qu’une petite partie, les éléments pivots) par leur dessin : le découpage, dynamique et tendu ; le jeu sur les lumières et, surtout, les ombres (certes, la luminosité est faible en Ecosse, mais ce sont avant tout les ténèbres qui vampirisent ici le récit…) et l’expressivité des personnages ( sidération, effroi, folie, exaltation se lisent véritablement sur leur visage) pour nous faire vivre le drame du couple Macbeth. À qui il a suffi qu’un trio de sorcières annonce une prophétie (« Macbeth, tu seras roi ») pour réveiller en eux leur soif de pouvoir. Une prophétie qu’ils vont tout faire pour voir se réaliser mais qui les plongera dans la culpabilité et une folie sans retour.
Un récit particulièrement fort qui entend alerter sur les dangers des superstitions et des croyances aveugles en des « autorités supérieures » (et en cela, il reste d’une grande actualité) que Paul et Gaëtan Brizzi nous font, une nouvelle fois, (re)découvrir avec brio !
(Récit complet, 128 pages – Editions Daniel Maghen)
