BD. 1916. Isaac Babel se rend à Petrograd grâce à de faux papiers car il est juif. Il ambitionne de devenir écrivain et sollicite une entrevue avec Maxime Gorki, célèbre romancier russe, pour le convaincre d’accepter ses récits pour la revue qu’il dirige. Après quelques nouvelles publiées, Gorki l’enjoint de vivre et de se frotter à la révolution pour que son style gagne en réalisme. Babel s’engage alors comme correspondant dans l’armée. On l’expédie dans la cavalerie rouge de Boudienny où il observe et écrit des articles pour rendre compte de ce qu’il voit. Des articles qui seront ensuite rassemblés en un recueil qui aura un énorme succès à sa parution un peu plus tard. Arrêté en 1939 pour avoir dénigré Staline en privé, il sera torturé et fusillé. Son œuvre fut interdite en URSS jusqu’en 1954…
Ce sont ces récits (en fait 16 sur les 34 qui composaient le recueil) que Pécau a décidé d’adapter, pour la première fois, en bande dessinée afin de rendre hommage à celui qui est considéré comme l’un des grands écrivains russes du XXe siècle. Et également de faire (re)découvrir le style poétique et flamboyant de Babel qui surgit de ces récits montrant souvent la guerre pour ce qu’elle est: absurde, aveugle et synonyme de douleur et de souffrances. Des nouvelles superbement mises en images par Djordje Milovic (dont on découvre le travail ici), avec ce trait fin et délicat rehaussé de magnifiques aquarelles qui soulignent on ne peut mieux la fragilité de la vie. Une belle découverte.
(Recueil de nouvelles, 144 pages – Soleil)