BD. Grass Kings. Une sorte de communauté qui vit en autarcie dans un coin reculé d’Amérique du Nord, sur la rive d’un lac. Avec son roi, Robert, son shérif, Bruce et ses sujets, tous d’accord pour vivre différemment : en marge de la société, se contentant du strict nécessaire. Un royaume qui entend faire respecter ses propres lois (nul ne peut entrer sur leur territoire sans en avoir l’autorisation), y compris au shérif du conté (le vrai, l’officiel, celui-là), Humbert, qui ne peut pas « piffer » ceux qui ne sont à ses yeux qu’un ramassis de rebelles hors la loi. Alors quand sa femme Maria décide de le plaquer et de trouver refuge de l’autre côté du lac, à Grass Kings, la guerre est déclarée entre les 2 camps…
Petits chanceux que vous êtes ! La nouvelle série (Dept. H) de Matt Kindt n’a pas encore fini d’être publiée (en France, hein) que Futuropolis commence déjà à sortir la suivante. Grass Kings. De nouveau un polar mais qui est, cette fois, une collaboration. En effet, si Kindt se charge du scénario, c’est bien Tyler Jenkins (que l’on découvre ici, et pour cause : c’est la première fois qu’il est publié en France) qui a pour mission de le mettre en images. Un dessin qui ne déstabilisera pas outre mesure car il est dans la lignée de celui de Kindt (il est même encore plus proche de celui de Jeff Lemire,à qui l’on penses d’ailleurs souvent en lisant ce tome 1) : un trait direct et spontané, qui recherche l’émotion plus que la rigueur technique, rehaussé d’aquarelles. Pour un résultant probant. Le récit accroche en effet d’emblée : les personnages ont l’épaisseur psychologique nécessaire pour paraître crédibles, la narration est alerte et démontre une grande maîtrise du rythme (des flash backs viennent régulièrement interrompre le présent de narration pour éclaircir l’intrigue secondaire : la disparition inexpliquée, quelques années auparavant, de la fille du roi, Robert, alors qu’il était en train de faire une sieste) et les thèmes abordés (culpabilité, perte d’un enfant, vivre différemment, amour, rapports parents/enfants) ne manquent pas d’intérêt. Quant à Tyler Jenkins, il fait littéralement vivre le tout, avec beaucoup de talent, sous nos yeux grâce à son dessin vivant et à son découpage inventif. Et quelque chose nous dit que Grass Kings n’a pas fini de nous surprendre… On le saura en tout cas très vite puisque le tome 2 est déjà annoncé pour mars et le tome 3 pour juin. Merci qui ? Merci Futuropolis !
(Série en 3 tomes de 176 pages – Futuropolis)