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AR-MEN L’enfer des enfers (Lepage)

A l’origine du projet, il y a un documentaire, Gardien de nos côtes (offert en dvd avec la première édition du livre, alors ne tardez pas!), diffusé par Thalassa en 2016. Pour l’occasion, Emmanuel Lepage a été hélitreuillé sur Ar-Men, un phare au large de l’île de Sein, avec le dernier gardien y ayant exercé. Il y a joué son propre rôle: celui d’un auteur de bande dessinée qui découvre et se laisse habiter par le décor d’un futur récit. Un rôle sur mesure puisque c’est ce que Lepage sait faire de mieux. Se laisser imprégner des ambiances, sentir les lieux pour mieux en raconter la singularité, les joies mais aussi les souffrances.
Dans Ar-men, le héros n’est pas un gardien ni un autre personnage, c’est le phare lui-même. C’est son histoire qu’il raconte, en filigrane, au travers de celle des différents gardiens qui s’y sont succédé. Comme le phare lui-même (le plus difficile d’accès de Bretagne, d’où son surnom), les gardiens sont difficiles à approcher. Des taiseux qui préfèrent garder leurs secrets pour eux et tenter de faire, seuls, avec les fantômes qui les hantent. Car on ne devient pas gardien de phare par hasard. On ne choisit pas de vivre à distance du monde pour rien. Derrière ces choix, il y a souvent des blessures, il y a des drames. Des histoires d’amour qui finissent mal. Des enfants qui meurent noyés. Il y a des remords. De la culpabilité. C’est un soir de tempête qui va tout déclencher: Louis, blessé, va partager son secret avec Germain qui n’arrive pas, de son côté, à laisser « partir » sa fille. C’est leur histoire qu’ Ar-Men raconte. Ainsi que celle du Ruz, le premier gardien qui avait œuvré à sa construction, dont le récit des premières années à Ar-Men est retrouvé par hasard par Germain dans le phare…
Lepage entrelace avec beaucoup de subtilité et de sensibilité tous ces récits et y ajoute même les légendes bretonnes, comme celle de Dahut et sa cité d’Ys ou du bateau fantôme et de son capitaine, l’Ankou, que Germain racontait à sa fille, pour brosser le portrait, superbe (inutile de dire que le travail graphique de l’auteur est, comme d’habitude, incroyable de vie et d’émotion! Dans certaines scènes de tempête, on croirait entendre le vent hurler…) de ce phare désormais abandonné…

(Roman graphique – Futuropolis)