BD. Paul est peintre. On l’associe souvent à l’école de Paris. Ce qui lui déplait fortement car lui veut justement créer une œuvre personnelle. Il vient d’ailleurs de refuser une proposition d’exposition d’une galerie, 20 tableaux, pour cette raison : la mise en avant, par le galeriste, de l’influence de l’école de Paris sur sa peinture. Mais à trop se poser de questions Paul n’avance pas…Jusqu’au jour où il rencontre Mathilde, une coiffeuse, qui va lui faire voir les choses de façon différente…
Qu’est-ce que le bonheur ? A cette question que Bonin pose dans son nouveau récit, Paul répond (en fait à Nanette, la mère de Mathilde) qu’avec la guerre du Vietnam (nous sommes dans les années 60) qui fait rage, la mort de 20 personnes dans l’effondrement d’un immeuble ou l’agression à l’acide d’une femme en plein Paris il est difficile d’être heureux…Et pourtant il est amoureux de Mathilde et va bientôt exposer 20 toiles à la galerie Phi ! Mais comme beaucoup, même quand le bonheur lui tend les bras, Paul a tendance à voir le verre qui est à moitié vide…
Comme souvent, Bonin a ajouté un élément fantastique (le pouvoir qu’a Mathilde de rendre les gens heureux en leur touchant les cheveux) à son scénario pour provoquer des réactions, des questionnements et obliger ses personnages à affronter leurs peurs, leurs angoisses. Et proposer, chemin faisant, une réflexion sur le bonheur (Ne peut-on pas décider à un moment de vouloir être heureux ?) et l’Art (A quoi sert l’Art ? Une œuvre peut-elle être juste “belle” ?). S’il n’est pas aussi inspiré que la trilogie Amorostasia, on se laisse cependant facilement prendre au jeu de Du bout des doigts qui propose une narration fluide et plaisante, d’autant que l’on retrouve toujours avec plaisir le dessin typique de Bonin -trait au crayon, influence manga dans les visages et mise en couleur informatique. Tout comme ce côté feel good et Carpe Diem qui irrigue ses récits.
(Récit complet, 88 pages – Grand Angle)