Skip to content Skip to footer

IDISS (Malka/Bernard, d’après le livre de Robert Badinter)

BD. 1890, dans un shtetel de Béssarabie (aujourd’hui la Moldavie), non loin de la Roumanie. Idiss ne peut pas être complètement heureuse : bien sûr, elle a ses deux garçons, Naftoul et Avroum et ses beaux-parents les hébergent et les aident à tenir le coup quand elle ne vend pas assez de napperons sur le marché mais son mari Schulim n’est pas à ses côtés. Il se bat dans l’armée du tsar et n’a pas donné de nouvelles depuis longtemps. Et quand il revient enfin, après 5 ans d’absence, les pogroms ne tardent pas à faire leur apparition dans la région, obligeant nombre de juifs à partir, aux Etats-Unis, en Palestine ou en France, comme Avroum et Naftoul…

Robert Badinter, que l’on connaît notamment pour ses combats pour l’abolition de la peine de mort ou contre l’antisémitisme, a écrit un livre, paru en 2018, en hommage à sa grand-mère Idiss. Et au courage, à la résilience et à la capacité d’adaptation dont elle fit preuve tout au long de sa vie (elle dût quitter l’endroit où elle vivait pour la France). Un destin que beaucoup de juifs connurent malheureusement. Et c’est là l’autre objectif d’Idiss : rappeler l’histoire compliquée et tragique de ce peuple, obligé de fuir les pogroms de Russie et d’Europe de l’est à partir de la fin du XIXe siècle pour s’installer ailleurs afin d’y être enfin en sécurité. Ce qui était à peu près vrai pour ceux qui choisirent d’émigrer aux Etats-Unis mais pas pour ceux qui partirent en Europe où la montée inexorable de l’antisémitisme aboutit à la tragédie que l’on connaît lors de la seconde guerre mondiale…

Un livre que Richard Malka et Fred Bernard adaptent de magnifique façon. Le scénariste livre une narration fluide et très agréable, sobre aussi, la vie particulièrement romanesque (elle a par exemple fait de la contrebande de tabac pour joindre les 2 bouts….) de la grand-mère Idiss n’ayant pas besoin de grands effets pour retenir l’attention…Quant à Fred Barnard, son trait habituel, avec ce côté un peu enfantin et très accessible, ici aquarellé de couleurs très douces, permettra à tous types de public de rentrer dans cette histoire. Hommage émouvant à une grand-mère, plongée dans la culture et l’histoire du peuple juif, incroyable destin d’une famille ou devoir de mémoire : autant de raisons pour lire Idiss. Une grande réussite !

(Récit complet, 128 pages – Rue de Sèvres)

Leave a comment

0/100

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.