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JESUS LIZARD confirme son statut de roi du noise rock 

JESUS LIZARD + DARIA, Paris (Elysée-Montmartre), 17 mai 2025

Mes ami.e.s quelle soirée ! Mais quelle soirée ! Il faut dire que le dernier concert en France des légendaires Jesus Lizard datait de 2009. Seize ans d’abstinence qui sont partis en éclat en ce samedi soir.

Et comme les américains ne donnent que deux concerts en France sur cette tournée, la moitié de leurs fans se sont donnés rendez-vous à l’Elysée-Montmartre en cette fin de journée. Ils viennent de Nîmes, de Montpellier, de Nantes, d’Angoulême, même de Lyon (où le groupe va pourtant jouer), de Paris (évidemment) et de tant d’autres.

Le côté exceptionnel de la soirée commence donc avant l’ouverture des portes, sur le trottoir devant la salle, ou dans les bars alentours. Tout le monde se retrouve. On re-croise les ami.e.s perdu.e.s de vu (que de joie), les vieilles connaissances de l’époque, parfois pas vues depuis 15 voire 20 ans… Et le phénomène se confirme dans la salle : en dehors des cheveux blancs et de l’âge des participants, on se croirait revenu dans les années 90. Presque tout le monde a répondu à l’appel. C’en est complètement fou.

Pour ouvrir cette date d’exception, ce sont donc les français de Daria qui ont été choisis. Là aussi, nous retrouvons une célébrité de l’époque, puisque les frères Belin (guitare + guitare-chant) se sont dorénavant entourés  de Pierre-Yves Sourice des Thugs à la basse. Côté musique, le quatuor joue une carte beaucoup plus mélodique du rock noisy. Soyons honnête, il ne doit pas être facile d’ouvrir pour une telle soirée, où tout le monde attend impatiemment la tête d’affiche, mais le groupe ne démérite pas devant une salle déjà aux deux tiers remplie. Ça joue, c’est propre, on sent une vague influence Jawbox trainer, ce qui devrait me causer, mais j’ai malheureusement un peu de mal à rentrer dans les morceaux que j’entends. Je ne saurais dire pourquoi, sans doute quelque chose de trop propre pour moi. Mais peu importe, le groupe a parfaitement remplit sa mission, et offre un bon concert à son public.

Daria, L’ Élysée Montmartre, Paris, 17/05/2025 ©Marion Ruszniewski

Puis c’est aux maîtres de prendre les choses en mains. Beaucoup les ont vus à l’époque, en 1994 par exemple, ou au pire, lors de leur première reformation et dernier passage en 2009… mais seize ans plus tard, la folie légendaire de David Yow sera-t-elle au rendez-vous ? L’énergie démoniaque de leurs concerts sera-t-elle intacte ? Tant de questions qui vont vite être balayées…

Du haut de ses 65 ans, David Yow, chanteur-hurleur aux allures de cowboy déglingué, ne fait planer aucun suspens. A peine rentré sur scène vêtu de son jean tout déchiré, et avant même les premières notes du groupe, le voilà qui se lance d’entrée de jeu dans un stage diving pour chanter le premier morceau porté par un public déjà chauffé à blanc. Le ton est donné. Pas question de se calmer.

Il faut dire que derrière, Mac McNeilly, sublime de maitrise du haut de sa batterie, David Sims, infaillible bassiste tenant le rythme – et le devant de la scène – comme une horloge suisse, et le très chic Duane Denison, guitariste aux riffs et arpèges fabuleusement démoniaques, sont d’une précision incroyable. Peu de regards, peu d’interactions et pourtant pas le moindre faux pas. Les trois musiciens, gardiens du temple, sont infaillibles… bluffants même… et offrent tout loisir au cowboy possédé de dérouler son show. Il s’en donnera à cœur joie, appelant le public à crier « Fuuuuccckkkkk Trummmp » ou recouvrant la scène de crachats, mais sans se mettre à poil cette fois-ci.

Musicalement le groupe est à 200%, comme l’avait laissé présagé les très bons morceaux de leur dernier album « Rack ». L’énergie, si elle ne rivalise pas avec celle du début des années 90, est pourtant renversante, foutant une gifle insolente à bon nombres de groupes plus jeunes. Le son est monstrueux, et le public se prend baffes sur baffes.

Bien entendu, en 1h30, le groupe ne pourra pas jouer tous ses morceaux, ni mêmes tous ses tubes, chaque personne du public ayant sans doute les siens. Et si, ce soir, Jesus Lizard pioche dans presque toute sa discographie, l’accent sera surtout mis sur « Goat » en intégrant bien évidemment plusieurs morceaux de « Rack ». Comment s’en plaindre tant ce deuxième album (sorti en 1991) est une réserve de hits. Nub, Mouth Breather, Then Comes Dudley, Monkey Trick, ou Seasick, sur lequel David fera à nouveau un joli stage diving pour nager dans le public, sont tous des tubes irrésistibles. Nous retiendrons aussi un Thumper en version accéléré, tiré de l’album « Shot », ou un excellent Fly On the Wall, tiré de « Down ». Les morceaux récents de What if ?! à Alexis Feels Sick ne sont pas en reste et s’intègrent parfaitement au set, preuve s’il en est, que le groupe n’a rien perdu en 35 ans de carrière !

Deux rappels plus tard, Jesus Lizard a définitivement prouvé que son retour n’est pas feint. La machine de guerre noise est de retour et sa machine à filer des mandales est plus opérationnelles que jamais. Vous voilà prévenus.

Photos : Marion Rusniewski (Instagram). Pour participer à la campagne de financement participatif pour son livre, c’est ici.
Merci à Lauren et Ipecac

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