ARTBOOK. Quand Gibrat traverse des périodes difficiles ou ne va pas bien, il lui est impossible d’écrire ou de faire de la bande dessinée. Dans ces moments-là, la seule chose qui l’apaise, ce sont des dessins seuls, des illustrations, dans lesquels il peut aller au bout de ses envies, travailler chaque partie dans le moindre détail, soigner le trait aussi bien que la couleur. Du coup, c’est pratique quand on veut faire un Artbook de Gibrat : on a beaucoup de matériel à disposition ! Une matière que l’on retrouve donc dans L’hiver en été qui se focalise sur le travail de l’auteur de ces 20 dernières années, avec des affiches, illustrations inédites, couvertures, travaux préparatoires ou extraits de Mattéo (série en cours chez Futuropolis), Le sursis ou Le vol du corbeau (ces 2 derniers récits parus chez Aire Libre). Magnifiée, comme à l’accoutumée, par l’édition (très grand format, beau papier, détails soignés), de la maison Daniel Maghen. Inutile de dire que l’on en prend plein les yeux. D’autant que l’éditeur a eu la très bonne idée d’accompagner le tout d’une longue interview, passionnante, de Gibrat signée Rebecca Manzoni, dans laquelle l’auteur se livre avec sincérité. Il aborde ainsi son travail (le tournant que fût, pour sa carrière, la réalisation de Le sursis mais aussi son trait et ses regrets liés à son incapacité à se lâcher quand il dessine), la musique (et sa passion pour Hendrix ou Joni Mitchell), ses références absolus en bd (Moebius et Juillard arrivent en tête) et, bien sûr, les femmes de ses histoires : Jeanne, Cécile ou Amélie, qu’il dessine avec autant de grâce que de fragilité. Un superbe cadeau pour ses fans, en attendant son prochain récit.
(Artbook, 186 pages – Editions Daniel Maghen)