L’histoire est un éternel recommencement. Il était donc prévisible de retrouver ce bon vieille esprit punk crossover réinvestir New York. Et les sales gosses de Show Me The Body rendent un bien bel hommage aux cultures urbaines de leur ville. Skate, hardcore crossover, punk, attitude de branleurs, esprit de bande, tout y est. Impossible de ne pas penser à une certaine vision des Beastie Boys du début (hardcore+rap+bordel), même si Show Me The Body, tout en restant affilié à une tradition, semble bien difficile à enfermer dans une case. On pourrait croire le trio parti dans l’hommage punk irrévérencieux, façon Cerebral Ballzy, mais l’utilisation d’un banjo en lieu et place d’une guitare (difficile de s’en rendre compte à l’écoute) était un indice. Le trio New Yorkais n’hésite pas à jouer avec les ambiances étranges, touchant autant au larsen punk énergique qu’aux bizarrerie noisy. Bordélique et fédérateur, les morceaux de ce premier album modernisent le rap des groupes crossover (pas le moindre effet gangsta ici par exemple), tandis que les riffs s’amusent souvent loin de l’esprit hardcore new yorkais (qui peut revenir pour des refrains fédérateurs). L’humeur est plus régulièrement au punk (l’excellent “tight swat”), au bruit noise (façon Death Grip), au garage, au blues, voire au mathrock indie sur l’intro de “Chrome exposed”. L’ensemble, certes inégal, reste cohérent et efficace. Les références (nombreuses) sont totalement digérées, broyées, et recrachées dans un joyeux bazar rafraichissant. Une chose est sûre, le groupe arrive à rendre à nouveau excitant un style un peu fatigué.
(Album – Loma Vista / Caroline)