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Neues Deutschland - Sozialistische Tageszeitung.
Quotidien inter-régional qui était un des organes centraux
du Parti socialiste est-allemand (SED) jusqu'en 1989. Aujourd'hui, il
essaie de s'ouvrir à un nouveau lectorat, plus jeunes dans la
mouvance altermondialiste, mais il est toujours associé à
la RDA par l'ancien lectorat. Son objectif aujourd'hui est de faire
du "vrai" journalisme sans perdre l'ancien lectorat.
Martin y est rédacteur depuis quatre ans. Il tient la rubrique
musique et littérature. Berlinois de l'Est depuis toujours.
La
Ostalgie
"La Ostalgie est une contraction entre Ost (Est) et Nostalgie.
Le mot est apparu il y a cinq-six ans environ et le sommet a été
atteint il y a deux-trois ans avec le film Goodbye Lenin. On
est dans un bar à Friedrichshain, Tagung. Les camarades Lénine,
Kroutchnev et Honecker nous écoutent et des drapeaux rouges s'étalent
sur les mûrs à côté d'un Preistafel est-allemand
affichant une bière à 15 ost-pfennig (5 centimes).
"La Ostalgie est surtout un sentiment. Les Allemands de l'Est ont
eu l'impression à un moment de vivre dans un monde nouveau, un
autre système social, dans une autre ville, dans un monde qui
fonctionnait autrement que le leur. La Ostalgie est un sentiment proche
du mal du pays. Le sentiment que quelque chose vous échappe alors
on s'attache aux bons souvenirs et on oublie les mauvaises choses".
Mais comment expliquer alors que la Ostalgie peut également toucher
des allemands de l'Ouest ? "Ce sont deux choses différentes.
Dans un cas, on parle d'un sentiment, un sentiment communautaire, de
souvenirs, d'idéalisation des souvenirs, d'une idéalisation
d'une époque dont on est sûr et certain qu'elle est révolue.
Dans l'autre, il s'agit d'une mode, d'une fascination pour une époque,
d'un attrait commercial avec une pointe d'ironie.".
"Lieber
Kohl als kein Gemüse"
"Préfère (Helmut) Kohl (qui se traduit par "chou")
à pas de légumes."
"Le Mur de Berlin est vraiment tombé à la surprise
générale : les manifestations du lundi réunissaient
surtout des gens qui réclamaient plus de libertés, un
meilleur niveau de vie. C'était pour faire changer l'Est pas
pour rejoindre l'Ouest. On cherchait un troisième chemin, on
ne voulait pas rentrer dans le système ouest-allemand et occidental".
Et quand le Mur tombe en octobre 1989, l'Allemagne de l'Est tombe dans
une profonde dépression. "Je me rappelle de Noël 1989,
deux mois après la chute du Mur. Discours de Kohl à la
télé et ma mère dit : "Maintenant, ça
ne va plus durer longtemps. On va rejoindre la RFA". Et tout le
monde de lui dire : "Mais t'es folle ! ". En mars 1990, les
premières élections démocratiques de RDA sont remportées
par les deux partis qui mettaient en tête de leur programme la
réunification. Cet évènement a fait de la réunification
des deux Allemagnes une idée concrète pour tout le monde.
Commence alors l'arrivée des "arrogants Wessies" qui
occupent tous les postes importants. "La confiance en soi des Allemands
de l'Est est en chute libre avec la réunification. Tout ce qui
venait de l'Est était mauvais donc les hommes qui étaient
restés à l'Est et qui n'avaient pas eu le courage de partir
l'étaient aussi".
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Alors cette impression
d'être des Allemands de deuxième classe, d'entendre que
l'Est coûte cher à l'Ouest et les difficultés
économiques ont provoqué ce retour d'un sentiment communautaire
des anciens de la RDA.
"Pour les Polonais et les Hongrois qui sont sortis du bloc de
l'Est à la même époque, la situation était
différente. Ils devaient certes aussi tout reconstruire, mais
par eux-mêmes et ils n'avaient pas cette impression d'être
regardés, dégradés, d'être inférieurs
comme les Allemands de l'Est l'avaient par rapport aux Allemand de
l'Ouest. Il fallait trouver une nouvelle identité à
la fois dans l'autre et à côté de l'autre. La
naissance de ce sentiment communautaire est certainement également
venu de là".
Le
3°chemin
Rejoindre le voisin occidental n'était pas le but, et la prospérité
économique et le bonheur social se sont confirmés être
des mirages. La question de ce troisème chemin se pose à
nouveau. "Les Altermondialistes et les Ostalgiques ont des points
communs dont le nouveau Links Partei (nouveau parti de gauche allemand)
aimerait bien en faire sa part de gâteau dans un pays divisé
entre conservateurs, libéraux, démocrates et verts,
en se rapprochant du PDS, ancien SED (parti socialiste et parti unique
de la RDA). Mais même si les dogmatiques du SED sont partis
en exil avec Honecker, le PDS continue à traîner ses
vieilles casseroles socialistes l'empêchant de s'ouvrir à
des têtes, des idées et des discours trop nouveaux.
Il reste les idéalistes du PDS et le Links Partei. "Les
vieux lecteurs de Neues Deutschland n'acceptent pas que la société
ait changé". Ca rappelle un peu l'Huma qui voudrait s'attirer
un nouveau lectorat après avoir été l'organe
officiel du Parti le plus stalinien d'Europe.
La
fin de la Ostalgie
Mais la Ostalgie n'a rien d'un mouvement politique. Elle n'est que
ce sentiment qui a commencé il y a cinq-six ans et dont le
sommet a été atteint il y a deux-trois ans. "La
Ostalgie est désormais finie. Les ex-Allemands de l'Est n'ont
plus de raisons de s'identifier par rapport à leur passé,
à essayer de s'accrocher à ce sentiment communautaire.
Aujourd'hui, dans n'importe quelle entreprise ou administration, Ossies
et Wessies travaillent ensemble". La catégorie Ossies/Wessies
est désormais une catégorie parmi tant d'autres.
"Il reste néanmoins toujours une différence entre
les votes de l'Est et de l'Ouest, mais elle tend à baisser
au profit d'une différence Nord-Sud : Nord rouge (social démocrate),
Sud noir (conservateur)". Même les couleurs n'ont plus
de sens...
Il reste la Ostalgie commerciale et les bars à la mode, les
tee-shirts avec les Ampelmännchen. "Mais ça, c'est
une facette de l'Ouest. Ce bar essaie d'être un musée,
mais l'histoire est trop récente. Du coup, ça donne
une touche ironique. C'est le côté mode du truc. S'il
existait avant, il n'était sûrement pas comme ça.
Je le connais depuis 92-93. Il y avait des lectures de la Chaussée
des Enthousiastes dans la cave minuscule". Et la littérature
en RDA pourrait être un autre sujet pour un article. Comme une
rencontre avec Klaus Koch, le boss de Buschfunk ("sous le manteau")
qui aime bien parler de toutes ces histoires ou bien le rôle
des églises alors que la RDA avait presque réussi à
créer un Etat athée.
Merci à Martin.
Die Tagung
Wühlischstraße 29 - Berlin Friedrichshai
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