BD. Célestin travaille à l’auberge de la Pieuvre en tant que serveur. Mais c’est un gentil qui aurait préféré garder le secret concernant son talent de Discerneur : il voit les gens tels qu’ils sont vraiment ainsi que leurs désirs cachés car il ressent leur âme. Mais quand l’asticot Daumale est recherché par la Pieuvre, la mafia parisienne, Célestin décide de lui venir en aide : il lui prête son appartement et de l’argent pour qu’il puisse se soigner à l’hôpital tandis que lui ira rendre le poudrier qu’il leur a volé. Un acte de bonté qui va le mettre en première ligne face au quatuor, impitoyable, de l’organisation : l’Œil, l’Oreille, le Nez et son chef, la Bouche…
Nouveau récit, nouveau protagoniste et nouveau Talent, celui de Discerneur (après ceux de Tourneur, Hypnotiseur, Coriace ou Visionneur…), pour ce dernier né des Contes de la Pieuvre. Et nouvelle grande réussite pour Gess qui a créé là un univers fabuleux : à la fois crédible et romanesque et surtout vraiment personnel et captivant avec cette touche de fantastique insufflée dans ce Paris du XIXe siècle. Sombre aussi puisque la Pieuvre y fait régner sa loi, celle du plus fort mais néanmoins illuminé par les héros de chaque récit qui ont décidé de n’utiliser leur don que pour faire le bien, ainsi que par les valeurs qui traversent la série : sympathie pour la cause libertaire (qui nous plaît bien), féminisme (cette fois à travers Mama-brûleur qui paie la Pieuvre pour que des prostituées puissent travailler pour elles-mêmes ou la sœur de l’Œil qui revient régulièrement -très belle trouvaille scénaristique- pour briser la tradition machiste familiale- son père l’a tuée car le premier-né héritier de l’Œil doit être un homme…) ou nécessaire combat pour plus d’égalité. Et comme l’intrigue de Célestin et le cœur de Vendrezanne est comme d’habitude vraiment solide, la narration parfaitement huilée et le dessin abouti, on comprend pourquoi Les Contes de la Pieuvre est l’une des toutes meilleures séries du moment !
(Série constituée d’épisodes autonomes, 208 pages pour ce tome – Delcourt)