BD. Fannie est une empathique. Elle a le don de pénétrer dans l’esprit des gens pour dénouer les fils qui y sont emmêlés et, ainsi, les aider à aller mieux. Un talent bien utile, dont la Pieuvre, l’organisation mafieuse, et son chef ont, bien entendu, eu vent…Car la fille de la Bouche, depuis qu’elle a été kidnappée par une bande rivale, est totalement mutique. La Bouche fait donc enlever Fannie et fait tomber son frère, Anatole, dans un guet-apens (il est arrêté sur les lieux d’un meurtre par des policiers…) pour l’obliger à les aider à faire revenir Zélie…
On retrouve avec plaisir les contes de la pieuvre créés par Gess. Un univers captivant et original qui croise fantastique et Paris du XIX e siècle et met en scène la fameuse pieuvre, organisation mafieuse qui fait la loi dans la capitale en corrompant policiers et autorités et en payant, cher, les meilleurs talents : discerneur, tourneur, hypnotiseur ou visionneur. Ou en les forçant à travailler pour eux, comme Fannie. Ce qui permet à Gess de montrer que les apparences sont parfois trompeuses et que derrière le travail peu recommandable de certains ou la personnalité brutale et cruelle d’autres (comme la Bouche) se cache, parfois, en fait, une réalité toute autre : des secrets, inavouables, dont les personnages sont parfois pris au piège.
Au-delà de ce message humaniste positif, la série s’est aussi construite sur des narrations solides et parfaitement pensées qui rendent la lecture dynamique et enlevée : de courts chapitres nous présentent d’abord, en parallèle, chacun des personnages importants, avant de croiser progressivement ces différents fils narratifs pour un récit choral particulièrement immersif. Un conte une nouvelle fois enthousiasmant et une série à découvrir au plus vite si ce n’est pas encore le cas.
(Récit complet, 208 pages – Delcourt)