ALBUM. Avec ce premier album, le trio marseillais viendrait-il de faire le sans faute ? Ce qui est certain, c’est qu’ils viennent de remettre une bonne foi pour toute Marseille au centre du paysage sonore français. Car en plus d’être un objet complet (artwork classieux dessiné par Pierre-Guilhem et imprimé par Le Dernier Cri, textes inspirés par le génocide rwandais et les livres de Jean Hatzfeld, CD accompagnant le vinyle, etc.), ce disque numéroté à 300 exemplaires contient un lot impressionnant de tubes. Ça commence d’entrée avec un ‘At the Corner of the world’ intense et irrésistible. Sorte de mise en matière post-punk noisy avec petite touche fugazienne du plus bel effet. Et ça ne s’arrête quasiment pas jusque la fin. Le second titre, ‘God seems to be here’ place le xylophone, et une approche plus calme, en vedette… Et ça marche puisque la mélodie ne me quitte plus depuis ! Puis l’excellent « when i was a niger », plus noise, avec sa guitare slide. L’exploit des marseillais est d’avoir réussi à ouvrir leur champ d’action à plusieurs formes sans s’y perdre. Conger! Conger! possède dans ses valises la rage des groupes punk autant que la délicatesse de certaines formations indie-pop. Un grand écart qui n’est pas donné à tout le monde. Mais qui les rapproche encore un peu de Fugazi. Ce disque possède cet engouement et cette puissance qui vient des tripes. Ce besoin viscéral de s’exprimer qui manque à tant de groupes aujourd’hui (en plus les textes sont réussis). Les congres sont inspirés, quel que soit le choix des armes. Le très poppy ‘Her Name’ qui ouvre la face B n’en est qu’une nouvelle preuve. Avec sa voix de castra, on se croirait revenu sur les terres de Blonde Redhead, et là aussi, le résultat convainc. Ce sont pourtant les mêmes qui nous assènent des upercuts noise-punk sur ‘Icarus’ ou ‘The Fall’ avec tout autant de brio. Je pourrais revenir sur chaque titre (le très accessible ‘Old Age’ par exemple), trouver encore cent milles références (comme cette touche à la Bananas at the Audience), mais le mieux reste invariablement de commander ce joli vinyle sorti par les excellents Katatak (NTwin, Berline 0.33). Vous aurez même le droit à une page du roman « une saison de machette » glissé dans la pochette (et je peux vous assurer qu’une seule page peut suffire à vous mettre froid dans le dos !). A bon entendeur !
(LP – katatak)