ALBUM. Depuis ses gesticulations acrobatiques au sein des excellents Nation of Ulysses, le groupe punk-hardcore de sa jeunesse, de l’eau a coulé sous les ponts et Ian Svenonius a depuis exploré de nombreux territoires, au sein de Cupid Car Club, Weird Par, The Make Up, Chain and the Gang, le plus dispensable Too Much, ou encore, et c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, sous le nom d’Escape-Ism. Mais une chose a perduré depuis plus de 30 ans : son amour des années 60, et son attachement au surréalisme dadaïste (l’homme a tout de même sorti un disque de silence contestataire logiquement appelé « The Silent Record »).
Avec ce nouvel album, intitulé charge of the love brigade, Ian Svenonious continue de revisiter la musique des sixties (voir parfois même du rock fifties), avec sa guitare et sa petite boite à rythme. L’influence Suicide qu’il traînait parfois sur ses précédents albums se fait ici plus discrète, mais ne manque étrangement pas.
Derrière un concept toujours aussi fumeux à mi-chemin entre le propos situationniste-révolutionnaire et l’entertainment, le disque joue plus que jamais la séduction et le tubesque, avec voix susurrées dans votre oreille, jolies mélodies et choeurs féminins. Les singles Rebel Outlaw et Black Gold possèdent tout du tube et ne manquent pas de tourner en boucle. J’ai beau m’y attendre, connaitre le personnage, je suis sous le charme, pris dans ses filets dès le premier morceau. Impossible de résister. La guitare sort pourtant moins souvent du bois pour venir faire quelques solos sous perfusion fuzz (contrairement à son rôle central sur Introduction to Escape-Ism), mais tout est tellement équilibré pour ce quatrième album musical (sans compter l’album silencieux donc), tout passe en douceur, sans a-coups, que je ne vois rien à redire. Du grand art, génialement minimaliste et fortement addictif.
J’y retourne.
(10 titres – Radical Elite)