Alors qu’elle roule sur une piste africaine, une équipe de TSF (Toubibs sans frontière), venue en mission OMS éradiquer la grippe mexicaine qui n’est pas encore arrivée, tombe dans un ravin avec son 4×4. Ses 4 membres, de grands naïfs pas du tout préparés à cela, sont aussitôt « accueillis » par une bande d’enfants, à qui ils proposent sucettes et clopes. Sans succès. Armés de Kalachnikovs, les gamins les font prisonniers manu militari et les emmènent à leur camp voir leur prophète, l’Abbé Van Koelten, qui leur demande de vacciner ses ouailles pour qu’ils puissent continuer à surveiller ses mines d’or héritées de la colonisation. En attendant de recevoir la rançon demandée à TSF pour les libérer…
Ptiluc, auteur notamment de la série « Pacush Blues », revient avec ce one-shot inspiré de ses pérégrinations en Afrique, continent qu’il a sillonné à moto pendant plusieurs années et dont il livre ici sa vision, inspirée de ses rencontres et diverses expériences, aussi féroce qu’absurde. Enfants soldats manipulés capables de tuer pour une Game Boy, despote militaire autoproclamé « maréchalissime de la libération », abbé belge à l’allure de pédophile qui a fait main basse sur des mines d’or, équipes appartenant à la même ONG qui se livrent une concurrence impitoyable pour « gagner » de futures campagnes dans d’autres provinces, agents américains chargés de placer leurs produits génétiquement modifiés : Ptiluc fait ici feu de tout bois et tout le monde (et surtout les ONG, accusées d’incompétence et de mauvaise foi) ou presque en prend pour son grade dans ce « Jeux sans frontière ».
Un petit jeu de massacre, délirant et partant dans tous les sens, qui a le mérite de donner une idée du chaos (hérité de la colonisation mais dû aussi aux interventions toujours d’actualité des pays occidentaux pour protéger leurs intérêts sur le continent) qui peut régner dans certains endroits d’Afrique mais qui peine à enthousiasmer : il affiche en effet par moments un réel manque de fluidité (les dialogues sont très bavards) et de clarté et son humour, qui a trop souvent recours à une caricature appuyée, ne fait pas toujours mouche, loin de là. Un one-shot mitigé donc qui vaut surtout pour son aspect critique très corrosif.
(Récit complet – Paquet)