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LA GUERRE DES PAYSANS (Mordillat/Liberge)

BD. 1514. Le pape Léon X doit trouver des fonds pour finir la construction de la basilique Saint-Pierre. Il donne ainsi son accord à Albert de Brandebourg pour que celui-ci prenne la tête du puissant archevêché de Mayence en échange de 24 000 ducats. De l’argent qu’il remboursera en vendant des indulgences sur ses terres…Pour les allemands, ces indulgences sont la goutte de trop. Devoir payer pour avoir le pardon de Dieu alors que les seigneurs les saignent déjà avec tous leurs impôts les pousse un peu plus vers la révolte. Quand Martin Luther s’oppose au pape et à ses indulgences, il est bientôt rejoint par un moine, Thomas Müntzer, qui va même plus loin, en déclarant que champs, bois et rivières sont le bien de tous et pas seulement celui des seigneurs. Un discours qui pousse des dizaines de milliers de paysans à prendre fourches, faucilles et autres outils pour se rebeller contre ceux qui les maintiennent dans la misère depuis si longtemps…

Après le déjà très critique envers la religion Le Suaire, Mordillat et Liberge reviennent avec La Guerre des paysans, un one shot bien engagé. Car comme l’indique la toute dernière case qui nous fait revenir dans notre XIXe siècle en mettant en scène une manifestation, ce récit entend montrer que la lutte contre les inégalités, l’exploitation des plus faibles par les plus puissants et l’injustice est loin d‘être finie. Pourtant elle vient de loin et il y eut beaucoup de tentatives pour changer la société et faire que le monde soit meilleur. L’une d’entre elles fût donc menée par ce moine, Thomas Müntzer, clairement la figure héroïque de La Guerre des paysans. Un homme qui profita d’abord des volontés de réforme de l’église catholique de Martin Luther pour faire avancer ses idées avant de prendre ses distances avec Luther quand celui-ci, sous la pression du prince Fréderic III, se rangea du côté des puissants et appela à réprimer l’insurrection des paysans. Müntzer prendra alors la tête de la révolte en lui donnant une légitimité religieuse (face à Dieu tous les hommes sont égaux) et le paiera de sa vie. La Guerre des paysans lui rend un très bel hommage (rappelant au passage que son slogan de révolte, « Omnia Sant Communia », que l’on peut traduire par « Tout est à tous », est encore repris sur les banderoles des luttes actuelles…) magnifié par les pinceaux de Liberge, dont le travail, un trait noir rehaussé de lavis de gris, superbe, est aussi beau qu’expressif. Il livre quelques scènes somptueuses comme lors des affrontements entre les paysans et les soldats engagés par les princes !

(Récit complet, 120 pages – Futuropolis)

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