BD. Bonvoisin est toujours dans de sales draps. Déguisé en chevalier en armure, il a la police aux trousses. Obligé de se cacher dans la buanderie du château, il est même pris pour le serial enleveur par des lavandières effrayées…Serial parce qu’après la reine et Baltimore, c’est Damoiselle Florimonde qui n’a pas réapparu depuis la fameuse représentation du magicien Hinidou…Le temps presse, donc. Même si du côté du roi et des ministres, on semble davantage s’inquiéter du temps qu’il fait : il n’y a plus de saisons ! Rendez-vous compte, il pleut en Frimose !
Le titre de ce tome 12 et son allitération délirante en « p » annonce la couleur : Turf continue de jouer avec le lecteur en le « promenant » dans son récit, à la suite de Bonvoisin, qui n’avance pas beaucoup dans son enquête. Il faut dire qu’en plus de devoir se faire discret (après s’être déguisé en chevalier, il va ici trouver une autre façon, surprenante, et qui va bien sûr entraîner des quiproquos, de passer inaperçu…), Bonvoisin est aussi victime des nombreuses interruptions du narrateur (qui explique pourtant parfois passer sur certaines scènes « afin de satisfaire l’impatience du lecteur ou du bouillant critique du neuvième art qui trouve que le récit n’avance guère »), les digressions duquel se concentrant sur la météo, le conseil des ministres, l’interrogatoire de Roussin par la PodesPo ou encore l’annonce d’un grand événement de Chlorenthe à son père…, qui le ralentissent dans son investigation. D’où son constat : « ça n’avance pas ». Et pour cause : les quiproquos, déboires et maladresses provoqués par le duo burlesque Bonvosin/Baltimore sont bien sûr au moins aussi importants, aux yeux de Turf, que la résolution de l’énigme elle-même. Un auteur qui continue ici, bien sûr, comme il en a l’habitude, de jouer avec la langue (« Mon nom à moi, c’est Côme, pas Pacôme ! Côme Leroy. C’est mon nom, en vrai monsieur le Roy »), de proposer des compositions de planches toujours aussi inventives et de truffer le récit de clins d’œil drôles à notre réalité (pêle-mêle, au dérèglement climatique ; aux appels téléphoniques proposant d’isoler nos combles ; aux véhicules électriques ou à Noir Désir (« Soyons désinvoltes !! N’ayons l’air de rien ! » s’exclame Bonvoisin dans une scène). Bref, un Nef des fous pur jus, délirant, joueur et réjouissant à souhait !
(Série, 48 pages par tome – Delcourt)