BD. Monsieur Katagari est agent de recouvrement de créances, alors vous imaginez sa surprise quand il se retrouve nez à nez avec un crapaud géant tandis qu’il vient d’ouvrir la porte de son appartement…Surtout quand Crapaudin, c’est le nom du batracien, lui explique qu’il a besoin de lui pour sauver Tokyo…Rien que ça ! En fait, la capitale japonaise va être touchée par un puissant tremblement de terre qui va occasionner de nombreux morts, 150 000 au moins, et des dégâts irréversibles dans 3 jours. Mais Crapaudin sait comment éviter ce désastre : il faut mettre Lelombric, un ver géant qui vit sous Terre et qui va être à l’origine du séisme en laissant libre court à sa rage, hors d’état de nuire. Mais pour cela Crapaudin a donc besoin de Katagari…
Le résumé de la première des 9 nouvelles, Crapaudin sauve Tokyo, de Murakami que Deveney et PMGL ont ici adapté, vous donne une petite idée de l’univers littéraire de l’écrivain japonais si vous ne le connaissez pas…Un univers souvent teinté d’étrange, et même franchement surréaliste parfois, où réalité et rêves, ou fantastique, se confondent souvent. Haruki Murakami n‘est pas fan de Kafka pour rien (l’une des nouvelles adaptées ici s’intitule d’ailleurs Gregor Samsa…). Un vieil homme qui propose à une jeune serveuse de faire un vœu qu’il exaucera pour la remercier pour ses services (Le Jour de ses 20 ans), une femme mariée qui arrête subitement de dormir et qui voit sa conscience s’éveiller (Sommeil) ou un homme amnésique que l’on retrouve dans une gare alors que juste avant de disparaître, il avait téléphoné à sa femme pour lui dire de lui préparer ses pancakes tandis qu’il se trouvait entre le 24e et le 26e étage de leur immeuble (Où le trouverai-je ?) : ses histoires font la part belle à ce qui nous échappe, au fonctionnement parfois incontrôlé de notre cerveau et à ce qui nous influence sans qu’on le sache, bref à cette mystérieuse chose qu’est la vie. Une adaptation à laquelle Deveney et PMGL ont travaillé plus de 10 ans avant qu’elle ne voit le jour. Mais ça en valait la peine. Les 2 auteurs sont en effet parvenus à s’approprier ces histoires (la narration, très naturelle, coule de source et le trait expressif de PMGL s’adapte à chaque histoire, se faisant plus ou moins nerveux, plus ou moins réaliste) tout en préservant leur singularité et leur capacité à déstabiliser, avec des chutes qui laissent parfois le lecteur songeur, comme toute bonne nouvelle qui se respecte… Leur travail d’adaptation a d’ailleurs été adoubé par Murakami lui-même, ce qui veut tout dire !
(Recueil d’histoires courtes, 424 pages – Delcourt)