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MOI, CE QUE J’AIME, C’EST LES MONSTRES Livre deuxième (Ferris)

BD. Vous avez très certainement entendu parler de Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, première BD au succès aussi inattendu que retentissant (elle a gagné de nombreux prix dont le prix Eisner aux USA et le Fauve d’or à Angoulême en 2019 et s’est vendue à plus de 100 000 exemplaires en France…). Longue de plus de 800 pages, elle avait été scindée en deux par Fantagraphics pour faciliter sa publication mais après un désaccord avec l’éditeur, la sortie de la deuxième partie a été plusieurs fois repoussée (l’autrice en a d’ailleurs profité pour travailler sur une suite et un préquel…) mais paraît enfin, plus de 6 ans après. Un livre aussi original que radical. Dans la forme d’abord puisqu’il est la reproduction (les spirales et les lignes des feuilles sont donc apparentes) du journal intime d’une jeune ado qui y note et dessine ses états d’âme, ses rêves, ses peurs, ses doutes mais aussi ses espoirs. La composition des pages est, de ce fait, très variable, oscillant entre des dessins pleine page et des scènes avec des cases qui se rapprochent alors davantage de la BD « classique ». Le tout réalisé au stylo, souvent noir mais parfois coloré, par l’entremise de hachures, nombreuses et précises. Un travail graphique bluffant, vraiment singulier, qui débouche régulièrement sur des portraits saisissants de vérité. Le fond n’est pas en reste puisque l’univers de Karen, un quartier du Chicago des années 60, est aussi glauque que dangereux. Uptown est peuplé de mafieux et de prostituées, elle soupçonne son frère d’avoir tué Anka Silverberg, leur voisine rescapée des camps de la mort, son père alcoolique les a abandonnés petits et sa mère vient de mourir…C’est dans ce contexte que Karen doit grandir et tenter de trouver sa place (elle aime les femmes…) dans cette société peu tolérante et brutale…Pas étonnant qu’elle se dessine en loup-garou et fasse des rêves atroces !

Livre hybride, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres tient à la fois du journal intime, de l’enquête (Karen fouille dans les affaires d’Anka Silverberg et ce qu’elle a vécu pendant la seconde guerre mondiale pour découvrir comment elle est morte) et du livre d’Art (lors de ses visites au musée, Karen reproduit des peintures célèbres souvent inspirées par la mythologie). C’est surtout le portrait unique d’une adolescente torturée et perdue. Beaucoup ont parlé de chef-d’œuvre pour qualifier Moi, ce que j’aime, c’est les monstres à sa sortie. Pour notre part, nous n’irons pas jusque-là tout en reconnaissant que l’on a rarement lu une BD comme celle-là….

(Série, 416 pages pour ce livre deuxième – Monsieur Toussaint Louverture)

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