BD. Les éditions Monsieur Toussaint Louverure sortent peu de bandes dessinées (on pourrait par exemple citer la brillante trilogie Mind Mgmt de Kindt) mais à chaque fois que c’est le cas, comme pour leurs romans, ils mettent les petits plats dans les grands. C’est une nouvelle fois le cas pour Watership Down, à l’édition particulièrement soignée. Couverture avec vernis sélectif doré, papier épais, petite fiche proposant glossaire et carte des lieux où se déroule l’action, le livre est juste magnifique. Un écrin idéal, en fin de compte, pour découvrir la première adaptation graphique de ce classique de la littérature anglaise (50 millions d’exemplaires vendus à travers le monde depuis sa parution en 1972…), peut-être pourtant encore méconnu en France. Une histoire de lapins ! Dont on suit ici la volonté, la véritable lutte pour survivre. Parmi eux, Fyveer et Hazel, des « périférés », de jeunes lapins relégués à la marge de la garenne dirigée par le Padi-shâ, le maître. Quand Fyveer (il a une sorte de don de prémonition) lui fait part de sa vision d’un danger mortel pour la garenne, celui-ci les prend de haut…Les deux frères décident donc de partir avec quelques autres lapins dont Bigwig, son aide de camp, pour chercher un endroit sûr. Pour cela, il leur faudra affronter maints dangers, comme des « prétors » (des blaireaux) ou des « hombas » (des renards) et se méfier de la ruse de leurs congénères. Mais ils pourront compter sur l’aide d’autres animaux (un mulot ou un oiseau) pour parvenir à leurs fins.
Un récit d’aventure animalier parfaitement adapté par le duo Sturm/Sutphin. Le premier, auteur déjà reconnu du roman graphique américain (on lui doit par exemple l’excellent Le Jour du marché ou, plus récemment, Hors saison) livre une narration très fluide, d’une grande clarté quand le second la met en scène avec beaucoup de talent grâce à son travail graphique « à l’ancienne ». De son trait au crayon doux et vif à la fois hérité de la littérature jeunesse qu’il met en couleur à l’aquarelle, il parvient à donner littéralement vie à ces animaux, nous faisant vivre, avec eux, leurs peurs, leurs espoirs et leurs défis. Il réussit aussi (ce n’était pourtant pas gagner…) à différencier les nombreux lapins présents dans le récit afin de rendre la lecture aisée. Bref, de la belle ouvrage, qui nous donne l’occasion de découvrir, ou redécouvrir, ce roman animalier étonnant.
(Récit complet, 368 pages – Monsieur Toussaint Louverture)