Skip to content Skip to footer

MOI RENE TARDI Prisonnier de guerre au Stalag IIB 3. Après la guerre (Tardi)

BD. René Tardi, après une longue captivité au Stalag IIB et une interminable marche pour rentrer, est enfin de retour à la maison. Mais les lendemains de guerre ne chantent pas vraiment : les prisonniers, perçus comme responsables de la débâcle, ne sont pas vraiment les bienvenus ; René, sans le sou, est obligé de vivre avec Zette chez sa belle-mère, au-dessus de l’épicerie et dans l’incapacité de trouver un travail, il se voit contraint de rempiler à l’armée pour un an…C’est dans ce contexte morose que le petit Jacques s’apprête à naître…

Voici donc le dernier tome du récit le plus personnel de Tardi, et pour cause il relate l’expérience de guerre de son père, sa captivité puis son difficile retour à la vie civile après tout cela. La mise en page (3 grandes cases horizontales par page) et le dispositif narratif (René Tardi se balade, son fils à ses côtés, dans ses souvenirs qu’il commente d’un ton toujours très sarcastique -envers Pétain, les policiers français, qui ont suivi, parfois avec zèle, les ordres des occupants allemands ou les résistants de la dernière heure) sont bien sûr les mêmes que précédemment, à une différence près : Jacques prend rapidement le relais de René pour raconter lui-même, à partir de sa naissance, les souvenirs de son enfance. Souvenirs qui mêlent l’intime (ses occupations favorites de môme ou la découverte des premiers illustrés, Les pieds nickelés, Zig et Puce ou Bibi Fricotin puis, plus tard, Le Journal de Tintin) et l’historique (il mentionne les grands événements ayant eu lieu à cette période), le trivial (où les toilettes étaient situées dans l’appartement qu’ils ont occupé avec ses parents) et le grave (les innombrables viols perpétrés par les allemands mais aussi par les alliés ou le procès de Nuremberg). D’où le côté décousu que le récit a parfois. Mais si ce tome 3 n’est pas toujours facile à lire (les textes sont également très nombreux), il reste tout de même précieux. Car il nous plonge, avec beaucoup de vérité et de truculence, dans les années d’après-guerre (en rappelant, au passage, la façon dont les forces d’occupation ont géré l’Allemagne à partir de 45, ce qui amena à la fracture entre est et ouest) tout en nous éclairant sur l’enfance de Tardi : l’origine de son obsession pour la guerre 14-18, l’apparition de sa passion pour le dessin, son dégoût de l’école (il faut dire que certains de ses enseignants déchiraient ses illustrés devant toute la classe) ou la nature de sa relation avec son père. Un triptyque incontournable.

(Triptyque – Casterman)

Leave a comment

0/100

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.