De nos jours, un avocat sillonne Nankin pour recueillir le témoignage de personnes ayant survécu au massacre de 1937 et, surtout, ayant croisé Xia Shuqin à cette période. La tâche ne s’annonce pas facile car les survivants sont de moins en moins nombreux mais les contributions de Wang Shang-Ti, alors soldat dans l’armée chinoise, qui avait ramené la petite, perdue, à ses parents et de Zhao Ping, alors jeune garçon de 13 ans amoureux de la grande sœur de Xia Shuqin, vont finalement l’aider à prouver, devant les juges, la véracité des évènements racontés par la vieille femme qui, ce jour-là, le 12 décembre 1937, perdit tous les membres de sa famille !
Ce procès contre des auteurs et un éditeur japonais ayant publié en 1998 un livre d’histoire remettant en cause le témoignage de cette vieille dame ainsi que l’existence même du massacre de Nankin s’est bel et bien tenu, et a été gagné, à la haute cour de justice de Tokyo en 2007. Un combat pour la transmission de la vérité que ce roman graphique s’emploie à prolonger pour obliger le Japon à enfin reconnaître ses responsabilités dans l’invasion et la guerre qui l’a opposé à la Chine entre 1937 et 1945.
Car ce procès n’est pas une affaire isolée. Au contraire de l’Allemagne, le Japon d’après-guerre a eu du mal à affronter la réalité des exactions et autres atrocités commises par ses soldats pendant la seconde guerre mondiale. Une attitude qui a peu à peu ouvert la voie au négationnisme. Les manuels scolaires ont même plus tard été modifiés et le bilan du tribunal militaire international pour l’extrême orient contesté.
Voilà pourquoi ce roman graphique a choisi de montrer les évènements -exécutions de soldats prisonniers, pillages, viols collectifs de jeunes chinoises, assassinats de civils, y compris de bébés, et autres actes de barbarie- ayant eu lieu entre le 3 décembre 1937 et le 31 janvier 1938 dans toute leur crudité et toute leur horreur ! Voilà pourquoi le travail graphique puissant –un tait très fin et précis rehaussé d’aplats de gris, de bleu et de rouge sang (pour les flash backs)- de Zong Kai, sans concessions, ne fait l’impasse sur aucune violence ni sur aucune cruauté ! Pour que plus jamais on ne nie l’existence de ces 300 000 morts à Nankin. Et, pourquoi pas, faire reculer la guerre et la violence ailleurs dans le monde actuel.
Un récit choc (âmes sensibles s’abstenir !) pour un travail de mémoire toujours aussi nécessaire !
(Récit complet – Editions Fei)