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PROTOMARTYR, un groupe pas si ordinaire

Quand on voit les 4 gars de Protomartyr débarquer sur scène, avec leur look tout ce qu’il y a de plus ordinaire et leur chanteur lunaire qui semble un peu paumé, décapsuleur à la main (il le gardera quasiment tout le set) et les poches remplies de bières, on se dit que l’on n’a pas vraiment affaire là au groupe le plus charismatique qui soit. Et pourtant dès que les mecs commencent à jouer, ça fonctionne. L’alchimie opère. Très bien même. Comme sur leur excellent dernier album The Agent Intellect. La sincérité et l’urgence qui se dégagent du post-punk énergique et désenchanté du groupe de Détroit n’y sont bien sûr pas étrangères. Une sincérité et une simplicité que l’on a retrouvées lors de l’interview qui suit, réalisée avant leur concert à la Cartonnerie de Reims le 5 avril 2016.

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La première question est pour Joe. J’ai lu qu’en fait tu as commencé la musique de façon sérieuse très récemment. Quel a été l’élément déclencheur ?

Eh bien c’était juste le fait de réaliser que je vieillissais et que je ne faisais pas grand chose à par traîner dans les bars, regarder la tv à la maison. Puis j’ai rencontré Greg au boulot, on a commencé à traîner avec ces gars, à boire des bières ensemble et c’était parti. Il fallait que je fasse autre chose de ma vie. C’était surtout le fait d’en avoir assez de rester à la maison à rien faire.

Tu travaillais où ?

Quand j’ai rencontré Greg je bossais dans un théâtre dans le centre de Détroit qui jouait de mauvaises pièces pour des vieux qui portaient des vestes, un peu comme celle que je porte aujourd’hui d’ailleurs (rires). Et on a commencé à parler de musique et à sortir ensemble.

Et comment avez-vous rencontré les 2 autres membres du groupe alors ?

En fait Alex était un ami de Greg. Il jouait de la batterie dans son groupe, Bob Bavis ( ?) et ils ont fait quelques concerts dans la maison de Scott, au sous-sol, et Scott les a rejoints à la basse. Puis le groupe est devenu Protomartyr et on joue maintenant ensemble.

Quand des mecs parlent de faire un groupe ensemble, ils parlent des groupes qu’ils aiment, des trucs qu’ils ont en commun. Quels ont été ces groupes pour vous ?

On a pas mal parlé d’un groupe local, Tiback (NDR : je ne suis pas vraiment sûr de l’orthographe…), dont je connaissais bien les musiciens. Greg était un fan de ce groupe également. Et on parlait juste du fait qu’ils arrivaient à avoir une personnalité différente des autres groupes punk. Sinon on parlait des groupes du coin que l’on aimait ou pas.

Il n’y avait pas de groupes plus connus qui faisaient l’unanimité ?

On parlait surtout de groupes locaux. Des Stooges, du MC5. Bon de Wire aussi. Je n’aime pas trop les Stooges. On était d’accord là-dessus. Et on se retrouvait autour du post-punk.

Le line up du groupe est assez atypique car Joe tu es plus vieux que les autres membres (NDR : il a une dizaine d’années de plus). Est-ce que cela change la façon dont Protomartyr vit ou compose?

Non, pas du tout. Je suis quand même obligé de porter le matos (rires).

Quoi, tu veux dire que tu n’as aucun privilège ?

Joe : Non, malheureusement pas de privilèges pour moi !

Scott : Bon il arrive quand même le premier à table pour manger (rires).

Ouais mais vu son grand âge il devrait avoir droit à quelques privilèges, non ?

Bon ils me laissent utiliser les toilettes plus longtemps quand même parce que je suis plus vieux (rires). J’avais espéré quand on a commencé le groupe que cela m’avantagerait d’être plus vieux mais ce n’est pas le cas. Protomartyr n’est pas une gérontocratie, on est tous égaux…(une pause, puis il rajoute) Malheureusement…

Bon il faut que tu essaies encore de négocier alors…

Oui : Aie mon dos. Je ne pourrai rien porter ce soir ! (rires de tout le monde)

Sinon vous avez sorti 3 albums en 3 ans. On a l’impression que vous n’avez plus de temps à perdre…Peut-être parce qu’il est vieux…

Joe : Oui, je suis en train d’écrire mon testament musical (rires)…

Scott :
On peut plus perdre de temps. Joe peut mourir d’un jour à l’autre…

Joe : En fait, il y a 2 façons de faire de la musique. Tu peux faire partie d’un groupe pour t’amuser, comme un hobby ou tu peux le faire sérieusement et passer beaucoup de temps sur ton projet musical. Dés le départ on savait que c’était ça que l’on voulait faire avec Protomartyr. Cette année, par exemple, on a tourné non-stop. Mais c’est ce qu’on voulait dés le début.

Greg : C’est aussi dû au fait qu’avant on ne tournait pas beaucoup. Du coup on était pas mal à la maison et on avait du temps pour bosser. Protomartyr est ce genre de groupe. On bosse beaucoup et on a pu sortir 3 albums assez rapidement.

Cela veut certainement aussi dire que vous composez vite…

Greg : Ouais. Mais en fait entre le moment où tu enregistres l’album et celui où tu peux l’écouter, où il sort, il se passe pas mal de temps. Il y a un temps mort. Largement assez pour commencer à bosser sur le suivant. Et on bosse sur l’album suivant plus ou moins tous les jours. Du coup on écrit pas mal. Bon on peut ajouter tel ou tel truc quelques mois plus tard mais les choses sont déjà plus ou moins en place. Mais ce n’est pas spécifique à Protomartyr. Bon la plupart des groupes tournent plus que nous. C’est aussi pour cela qu’ils ne sortent pas des albums de façon aussi rapprochée. Mais ce sera notre cas aussi quand notre emploi du temps sera plus chargé.

Joe : Mais cela me surprend quand même quand j’entends que certains groupes prennent 5 ans pour sortir un nouvel album.

Greg : Ouais, c’est zarbi. C’est vrai que certains groupes attendent vraiment trop longtemps avant de sortir un nouvel album.

Bon, c’est aussi parfois les labels qui freinent pour ne pas sortir des albums de façon trop rapprochée.

Greg : Qu’ils aillent se faire foutre ces labels (rires)

Joe : C’est vrai que parfois ils veulent te faire faire plusieurs fois le tour du monde avant de sortir un nouvel album. C’est fou. Mais bon nous on va essayer de continuer à sortir des albums régulièrement.

Ça veut dire que vous avez déjà de la matière pour un nouvel album ?

Greg : Non, pas cette fois. On n’a pas eu le temps.

Vraiment ?

Greg : Ouais on n’a pas arrêté de tourner depuis que l’album est sorti (NDR : Agent Intellect est sorti en octobre 2015). Bon je sais que Joe n’arrête pas d’écrire des trucs pour de futurs textes et de mon côté dés que je suis à la maison je bosse aussi. Mais en tant que groupe on n’a pas encore pu mettre tout ça en commun et bosser dessus ensemble. Mais cela ne devrait pas tarder.

C’est toi qui as la charge de la composition des morceaux Greg ?

Greg :
J’amène l’étincelle mais ce sont ces gars qui mettent le feu (rires). Bon ça peut être Scott ou Alex aussi. Mais quand on n’a pas trop le temps, en général c’est moi qui amène mes trucs et on voit ce que l’on peut en faire.

Tu proposes un riff et tu vois ce que les autres en pensent, c’est ça ?

Il est rare que j’arrive avec un morceau structuré. Et je n’écris jamais les parties de batterie. Donc ouais c’est souvent un riff ou une mélodie. Et souvent ce que je propose change beaucoup par la suite.

Tu bosses beaucoup à la maison ?

Oui. La plupart des parties de guitares et des mélodies pour le dernier album ont été écrites à la maison. Il y a quelques trucs qui sont venus en répète mais la plupart a vraiment été écrit à la maison.

J’aime bien vos 2 premiers albums mais avec Agent Intellect je trouve que vous avez vraiment franchi un pallier. Est-ce aussi votre avis ?

Oui, ce serait déprimant sinon.

Joe : Si le dernier album n’était pas meilleur que les autres on aurait plus qu’à arrêter, je crois. Malgré tout nos 3 albums sont différents et je les aime tous. Mais j’aime aussi les progrès que l’on a réalisés au fil du temps.

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Justement comment voyez-vous votre évolution ? Quel est votre ressenti maintenant, avec le recul, quand vous réécoutez votre premier album ?

Joe : Quand j’écoute le nouvel album je suis assez impressionné par la façon dont on a réussi à le structurer. Je suis également davantage satisfait des textes. On a enregistré le premier album en 4 heures. Cette fois on a eu du temps pour y réfléchir et cela se voit. Dans la forme notamment.

Vous aviez des objectifs en termes de son ou des attentes particulières par rapport à Agent Intellect ?

Greg : Pas moi.

Joe : En fait, tu ne sais jamais comment ça va se passer. Tu espères que cela va déboucher sur quelque chose de super, de mieux que ce que tu as fait précédemment mais tu n’en es pas sûr en fait. Et tu es si proche de ton album émotionnellement parlant, qu’il est difficile de savoir si c’est vraiment bon ou pas. Tu es content, fier même de ce que tu as enregistré mais tu n’es pas objectif. Et il n’y a que quand d’autres personnes commencent à l’écouter que tu sais si c’est bon ou pas. C’était encore une fois le cas avec ce nouvel album.

Greg : Bon après, notre producteur nous a bien aidés aussi. On a souvent une certaine confiance en nos morceaux quand on arrive en studio mais parfois il était là pour nous dire de changer telle ou telle chose. Et certains morceaux ont beaucoup évolué grâce à cela.

Vous aviez déjà travaillé avec lui avant ?

Greg : Oui, il avait enregistré Under Color Of Official Right (NDR : leur deuxième album) aussi. Par contre, pour le prochain, je pense que l’on va changer un peu notre façon de faire. Rien n’est décidé encore et il faut que l’on en reparle mais il y a quelques personnes avec qui on a envie de bosser. On adore Bill (NDR : Bill Skibbe) mais on veut juste essayer autre chose, avec un nouvel environnement.

Il y a beaucoup de très bons morceaux sur ce nouvel album mais mes 2 préférés sont probablement Pontiac 87 et I Forgive You. Pourriez-vous nous en parler ?

Joe : Pour I Forgive You, c’est assez bizarre car on était arrivés dans une espèce d’impasse avec ce morceau et Alex s’est souvenu que nous avions enregistré une autre version, pour laquelle j’avais essayé une autre ligne mélodique au chant sur le refrain qui lui avait bien plu. Et comme on enregistre toutes nos répètes, on a pu réécouter et revenir à cette première version alors qu’au départ ce n’était même pas un morceau à proprement parler, juste une ébauche.

Greg : Le morceau fonctionnait à peu près mais je n’en étais pas vraiment fou. Et en ajoutant la mélodie de Joe dans le refrain et en reprenant le tout, cela prenait du sens. Il lui manquait clairement quelque chose avant.

C’est bizarre la musique parfois. Sans la mémoire d’Alex, I Forgive You serait donc peut-être passé à la trappe…

C’est vrai. Mais on aurait peut-être réussi à en faire quelque chose. En tant que groupe on est souvent sur la même longueur d’ondes. On a les mêmes goûts et il est rare que l’un d’entre nous se batte pour un morceau si les autres ne sont pas ok. On se fait confiance. Et on sent si le morceau va fonctionner ou pas, si cela sert à quelque chose de s’entêter ou non. On sent aussi si les autres n’aiment pas un riff ou une mélodie.

Greg :
oui, ils pleurent ou tirent une sacrée gueule (rires).

Et les paroles ?

Joe : En fait c’est un mélange de différentes vignettes concernant des trucs qui se sont passés à Détroit l’an dernier. L’une d’entre elles avait à voir avec l’alcool. Je m’étais fait choper à conduire en état d’ébriété et je devais pointer tous les jours à un endroit pour ça. Et je rencontrais des gens qui malgré le fait d’avoir été chopés continuaient quand même à conduire en étant bourrés. Cela a été une sorte de signal d’alarme pour moi. Une autre partie parle d’un ancien prof à moi qui s’est fait arrêter pour violence. Ce qui m’a fait bizarre. J’y ai aussi mis des blagues dans lesquels je me moque de mon ami Mazy. En fait c’est un mélange de trucs différents. Ensuite il ne reste plus qu’à trouver un refrain sympa et tu as une chanson (rires). J’aime bien ce genre de morceaux qui restent assez mystérieux. Tu ne sais pas exactement de quoi ça parle et c’est à toi de te faire un peu ta propre histoire.

On n’a pas parlé de Pontiac 87. Vous vous souvenez comment ce morceau a été composé ?

Greg : Oui, je m’en souviens de ce morceau. J’avais trouvé la ligne de guitare assez tôt dans le processus de compo de l’album. Cela datait d’avant la sortie d’Under Color. Je l’ai ensuite laissée de côté pendant quelque temps puis on a essayé d’y mettre de la basse avec Scott et là on s’est dit que l’on commençait à avoir quelque chose. Et quand Joe a mis une voix dessus cela a commencé à vraiment ressembler à un morceau. Puis il y a ce changement dans la deuxième partie quand Joe chante « sad abou it ». Et ça ce n’est arrivé qu’après, à la fin du processus. En fait, j’ai écrit cette partie à la maison aussi. Je sentais que le morceau devait aller dans une autre direction. En fait la guitare et la basse ne font rien de vraiment très compliqué mais elles jouent différentes notes qui doivent bien se compléter. J’ai donc un peu réarrangé le tout pour que cela fonctionne.

Joe : J’étais super fier de ce que j’avais écrit et je n’avais pas envie que l’on change ou que l’on ajoute quoi que ce soit. Mais maintenant je préfère vraiment le morceau tel qu’il est.

Greg : En tout cas, cela prouve encore une fois qu’on ne sait jamais où un morceau va aller, comment il va évoluer. En tout cas quand on joue Pontiac 87 en live les gens réagissent pas mal dessus. C’est cool.

Et de votre côté quels sont vos morceaux préférés sur l’album ?

Joe : Pour ma part, en ce moment, il y a Clandestine Time parce qu’en live il sonne complètement différemment. Et aussi Pontiac 87. Mais mon préféré en ce moment c’est vraiment Clandestine Time.

Greg :
J’aime beaucoup Devil In His Youth car il est sympa à jouer.

Qu’est-ce qu’une chanson doit contenir, posséder pour être une bonne chanson de Protomartyr à vos yeux ?

Joe : Simplement moi par-dessus les instruments (rires). Moi et beaucoup de chant.

Greg : Ce que j’aime avec ce groupe, c’est que l’on fait vraiment ce que l’on veut. Je crois que ce qui donne l’identité à Protomartyr c’est le chant de Joe. Du coup, tant qu’il y a son chant on peut continuer à faire ce que l’on aime, à essayer de repousser nos limites aussi loin que l’on peut, cela restera toujours du Protomartyr. Cela nous donne une sorte de liberté. Quand je lis ce que les journalistes disent sur nous j’ai du mal à m’y retrouver. Je ne crois pas que la musique que l’on a écrite soit lugubre, post-punk. Je suis sûr que si on commençait à faire du reggae ils continueraient à dire que l’on fait du post-punk.

Vous ne pensez pas faire du post-punk ?

Greg : Sur certains morceaux, si le chant était différent, je trouve que l’on sonnerait comme Guided By Voices et pourtant personne ne fait jamais cette comparaison. Ca m’ennuie un peu la façon dont on décrit ce que l’on fait. J’ai l’impression que peu importe comment on va évoluer on nous a catégorisé pour de bon. Mais ça a de bons côtés aussi : on a du coup une grande liberté, on peut faire ce que l’on veut et essayer de nouveaux trucs car on nous rangera toujours dans le post-punk.

Joe : En plus pour moi le terme de post-punk est assez vague. Pour certaines personnes, c’est limité, du genre vous sonnez comme Joy Division. Pourtant je ne pense pas qu’aucun d’entre nous écoute vraiment Joy Division ou ait été influencé par ce groupe. Quand on a commencé, on disait que l’on faisait du punk car on n’était pas très bons. Maintenant que l’on est un peu meilleurs on est post-punk…

Greg : Quelle est l’étape suivante alors ?

Alex : free-jazz (rires)

Greg : Techno-punk

Scott :
Metal-punk

Joe : Ouais qui sait? Je comprends pourquoi les gens ont besoin de nous désigner par un genre mais on a été surpris quand on a lu que l’on faisait du post-punk.

Greg :
Et c’est cool que l’on n’ait jamais été conscients de faire du post-punk. Je comprends pourquoi ces comparaisons ont été faites mais si on avait délibérément décidé de faire du post-punk quand on a commencé ce serait judicieux mais ce n’est pas le cas. On fait juste notre truc sans se poser la question de savoir ce que c’est ou à quoi ça correspond. Mais bon si les gens continuent à dire que l’on fait du post-punk ce n’est pas grave. Ils n’arriveront pas à nous restreindre, à nous limiter à un genre.

Du coup, si vous aviez à faire la promo de vos concerts vous écririez quoi sur les posters et les flyers ?

Greg : J‘écrirai juste « bière gratuite » et les gens se pointeraient (rires). Non, je ne sais pas. Probablement quelque chose comme « venez vous divertir pendant une heure ». Je ne sais pas en fait.

Mais si vous aviez à décrire votre musique ?

Joe :
Peut-être quelque chose comme « ces gars sont bons dans ce qu’ils font »

Greg :
C’est bon ça. On garde ! (rires)

Joe : Ou alors « Beaucoup de guitare et un mec en colère = un bon moment à passer  »

C’est toi le mec en colère Joe?

Greg :
Les gens pensent qu’il est en colère.

Joe : C’est parce qu’en concert je ne porte pas mes lunettes et que je ne vois rien…

Greg : C’est vrai que tu as l’air vraiment en colère quand tu n’as pas tes lunettes.

Joe : Ouais et les gens croient que je les regarde. Y’a un gamin qui m’a dit une fois « Pourquoi vous m’avez fixé pendant tout le concert ? » Eh bien mec, j’en savais rien…(rires)

La prochaine question est pour toi Joe. Il paraît que tu as une grosse peur de la scène, de te retrouver face au public. C’est vrai ?

Oui, c’est vrai. Et en même temps, je suis content d’avoir cette peur. Si je ne l’avais pas, les concerts seraient moins forts. En tout cas je ressentirais moins de choses sans cela. Si j’étais trop sûr de moi, si les concerts étaient trop confortables, ils seraient certainement plus plats. Il leur manquerait quelque chose.

Greg : De mon côté, je n’ai pas cette peur que Joe peut avoir mais je suis quand même nerveux avant un concert. Et ce n’est pas forcément cool. Mais une fois sur scène…en fait on ressent le stress de Joe et il y a une tension qui s’installe et je crois que l’on s’en nourrit pendant le concert. C’est marrant car beaucoup de groupes décrivent leurs concerts comme des expériences cathartiques, joyeuses, uniques…Mais ce n’est pas aussi simple que ça je trouve. C’est intense, c’est sûr. J’aime ce que je ressens en concert mais je ne dirais pas que c’est cathartique. Ca peut être cathartique après le concert mais pas pendant.

Du coup, Joe, tu fais quelque chose de spécial pour te préparer à monter sur scène ?

Je retire mes lunettes.

Pour ne pas voir le public ?

Ouais, c’est ça. Et je fume des cigarettes, je bois quelques bières. Alors je suis prêt à y aller. Et pendant le concert je me descends 3 ou 4 autres bières. Rien de spécial en fait. Mais bon je ressens cette anxiété avant chaque concert, je commence à y être habitué maintenant.

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Vous faites des reprises lors de vos concerts ?

Joe : Non jamais. En fait on l’a fait une fois. C’était pour le mariage d’un ami. Ah et on a aussi fait une reprise des Stooges une autre fois. Mais je crois que l’on n’est pas bons pour l’imitation. En plus ma voix est limitée et je ne pourrais pas chanter énormément de chansons. Je le sais parce que je fais du karaoké parfois. Les reprises, c’est pas notre truc.

Greg : C’est sympa de faire des reprises pour se marrer en répète mais pas en live. Je ne nous vois pas incorporer des reprises à nos sets. On n’y est pas forcément opposés mais c’est juste que ce n’est pas quelque chose que l’on a envie de faire pour l’instant.

Joe : Et quand tu commences à faire une reprise que les gens aiment, ensuite ils vont vouloir que tu la joues à tous les concerts…Bon ça ne veut pas dire qu’on ne le fera jamais. On verra.

Bon pour finir l’interview je vous laisse la parole. Qu’aimeriez-vous dire aux gens qui vous apprécient ici ?

Joe : On aime la France.

Scott : Merci beaucoup (en français)

Pour la bière (NDR : il est en train de boire une binouze…) ?

Greg : Oui, on adore Heineken (rires).

C’est sympa mais Heineken, c’est pas français. On n’a pas vraiment de bonnes bières en France…

Joe : Mais on passe toujours un bon moment quand on vient en France. La nourriture est bonne, les gens sont sympas. On avait vraiment envie de revenir. L’une de nos premières grandes expériences en live, c’était La Route du rock. C’était très spécial. Et depuis on demande à Pierre de nous y faire rejouer. Notre dernier concert à Paris était assez fort aussi. C’était quelques jours après les attaques. Beaucoup de groupes annulaient. Et Pierre nous a demandé ce qu’on voulait faire. Mais on voulait jouer. C’était vraiment l’un de nos meilleurs concerts. Le public était super. L’un des meilleurs publics pour qui on ait joué. En plus c’était juste après la sortie de Agent Intellect.

Les groupes américains aiment tourner en Europe. Souvent parce que les conditions, le cachet mais aussi l’hébergement et la bouffe, sont bien meilleures qu’aux USA. Cette différence est encore si flagrante?

Greg : Ah oui, la différence est énorme. Il y a 2-3 endroits sympas aux USA mais en général c’est pas terrible du tout. Quand tu es un groupe qui commence à tourner, c’est vraiment très dur. Tu te démerdes pour trouver où dormir, on te file 2 tickets boisson et c’est à peu près tout. En fait, ils te font bien comprendre qu’ils te font une faveur en te faisant jouer. Et parfois c’est vrai. Mais bon on a assez tourné maintenant pour savoir où jouer. Mais malgré ça, c’est compliqué de trouver des endroits où on est aussi bien accueillis qu’en Europe, où on t’héberge, où on te file à manger et à boire.

[photos : Zak Bratto (extérieur) et Romu Ducros]

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