BD. Gianni écrit des scénarios pour la télé et des livres. Lors d’une interview pour le petit écran, il a vendu son âme : quand le présentateur le lui a demandé, il a parlé de la mort de son père, pour émouvoir le public….C’est juste après que Stacy est apparue dans un rêve. Une jolie fille qu’il a enlevée, droguée et emportée dans les sous-sols d’un vieux bâtiment abandonné…Mais pourquoi y a-t-il fallu qu’il parle de Stacy au journaliste qui l’interviewait dans le cadre de la promotion de Lady Sara ? Pour se punir ? Pour faire le malin ? En tout cas, maintenant, il se fait lyncher sur les réseaux sociaux et personne dans la profession ne le connaît plus…
Les œuvres de Gipi, en tout cas les dernières, sont déconcertantes. Déstabilisantes, même. Et Stacy l’est encore un peu plus que les autres. Par sa forme d‘abord, avec cette narration singulière, complexe, qui mêle combat intérieur de Gianni, véritable alter-ego fictionnel de l’auteur, avec son double démoniaque, réunions de travail avec ses collègues, dont la jolie Lalla, autour de l’écriture de Lady Sara (série qui intéresse Netflix…) ou pour gérer la catastrophe (la fameuse interview où il a évoqué Stacy et le fait qu’elle soit « bonne »…), à travers dialogues, nombreux récitatifs sans dessins (qui peuvent représenter jusqu’à 3 pages) et même extraits de scénario de sa propre vie. Sans parler de ce dessin (auquel les connaisseurs du travail de Gipi sont cependant maintenant habitués…) en noir et blanc, direct et sans fioritures. Mais sur le fond aussi puisque Gipi explore ici sa relation aux médias, l’importance du regard des autres pour lui et jusqu’où il est capable d’aller pour plaire. Tout en pointant du doigt l’incroyable puissance toxique des réseaux sociaux (qui peuvent littéralement permettre de lyncher quelqu’un en public) et l’hypocrisie du monde des médias.
Un récit introspectif (la mésaventure de Gianni sur les réseaux est réellement arrivée à l’auteur…) torturé qui montre les difficultés pour un personnage public de rester soi-même de façon originale et ambitieuse mais pas toujours facile à suivre.
(Récit complet, 256 pages – Futuropolis)