Soirée In The Red Records, Divan du Monde
Une soirée In The Red records (label qui compte Thee Oh Sees, The Intelligence, The Spits ou The Dirtbombs parmi ses poulains) peut, rien que sur son nom, aiguiser notre curiosité. Alors quand le label propose les excellents Intelligence comme tête d’affiche, l’évènement devient particulièrement excitant. Il faut dire que lors de leurs derniers passages, le groupe nous avait remis le sourire pour quelques jours.
C’est donc au Divan du Monde que se passent les retrouvailles. Malgré des prix de boissons peu raisonnables, et une programmation rarement à notre convenance, il faut avouer que la salle est assez jolie, et plutôt agréable. Tant mieux.
Le temps qu’elle se remplisse tranquillement, et ce sont les Meatbodies qui ouvrent les festivités. Le groupe commence à avoir une belle réputation et une partie du public est clairement venue pour eux.
Le quatuor sait y faire. Gros sons (même si le sondier mettra bien deux ou trois morceaux à éviter le concert de batterie), second degré, mélodies faciles, vagues influences garage, clin d’œil heavy, le public est ravi. C’est marrant comme je retrouve chez Meatbodies une démarche et une énergie un peu facile, comme chez les groupes de skate-core dans les années 90 (l’énergie déconnante), ou comme chez Weezer à leurs débuts (les grosses mélodies pop). Alors bien sûr, le groupe se rattachera plus à l’écurie garage, faisant partie de l’entourage de Ty Segall (Chad joue d’ailleurs à ses côtés dans Fuzz), mais entre nous, les solos à la tierce, et l’énorme son les emmènent un peu ailleurs. Peu importe, le set est bon, pour qui aime le sucré et l’efficace. Sans doute trop long vu le choix artistique, mais la machine fonctionne et entraine son lot de fans.
Je me demande comment va réagir le public en passant à The intelligence, tant l’approche est différente. Car après le déluge de lumières et de sons de Meatbodies, la troupe de Lars Aldric Finberg nous a habitués à des sets plus décontractés. Et ce sera encore une fois le cas aujourd’hui. Classes et détendus, comme à leur habitude.
Contrairement à la dernière fois ou je les ai vus (festival BB Mix, avec Pettey Dammit de Thee Oh Sees à la guitare bariton), le line-up est redevenu celui de la tournée précédente. Pas de problème, c’est une formule qui marche.
Le groupe va jouer un grand nombre de morceaux du dernier album (Vintage Future), et montrer que la finesse quasi pop de ceux-ci ne perd rien en live. Le set démarre tranquillement avec « Cleaning Lady » pour enchaîner sur le plus rythmé « Sex ». On se laisse prendre par le minimalisme des mélodies, le détachement du chant, le cynisme particulier de Lars, et cette impression de tout prendre par dessus l’épaule… The Intelligence nous font le coup à chaque fois, et je succombe comme toujours. Il y a dans tout cela une classe et une finesse belles à entendre. Et même quand les bougres se trompent de notes dans leurs intros (deux fois quand mêmes), cela ne fait que rendre l’atmosphère encore plus agréable. La vie est définitivement injuste.
Les filles ont repris leur place dans les premiers rangs, les visages montrent de grands sourires, et les refrains font leur boulot. Refuse to pay the Dues.
En fin de set, le ton monte d’un cran pour finir sur un vieux tube toujours aussi irrésistible : Evil is easy. Le public en demande plus. Le groupe revient et part en couille sur une reprise improvisée et absurde de Tequila. Les californiens ne sont pas là pour se prendre au sérieux. Puis c’est parti : Estate Sales, The Galaxy ou Hippy Provider, c’est le bouquet final, la livraison de tubes plus anciens. Avec l’habituelle fin noise. Irrésistible. Toujours aussi simple, toujours aussi bon. Merci les gars.