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TRAMHAUS nous régale au Cabaret Vert

Charleville-Mézières, du 14 au 17 août

Cinéma (un hommage à David Lynch était par exemple programmé à l’Idéal), conférences et débats (« Agriculture et monde vivant », « Osons la colère ! » ou encore « Quel est le coût écologique de l’IA ? » étaient quelques uns des thèmes abordés), Bande dessinée, déambulations poétiques et bien sûr musique : on ne sait pas où donner de la tête au Cabaret Vert ! A tel point qu’il est difficile de faire et voir tout ce que l’on a prévu….

Le premier jour, par exemple, on traîne un peu trop du côté de la bande dessinée (on y parle notamment de l’actualité des Humanoïdes Associés avec Didier de la librairie Pulsions ou Lolita Couturier, autrice de Retour sur Epsilon, l’éditeur ayant annoncé récemment qu’il avait été mis en liquidation judiciaire…), du coup on manque une bonne partie du set de Warietta qui avait la rude tâche d’ouvrir les hostilités sur le nouveau Razorback ! Un mélange de post-punk, de gothique et de pop avant-gardiste original, peu évident à cerner, surtout quand on ne voit que quelques morceaux… Il faudra les recroiser pour ça. Cela nous permet tout de même de découvrir LE changement de cette édition 2025 : la disparition de la scène Illuminations et la montée en grade de la scène Razorback dédiée aux musiques « bruitistes » : métal, punk, post-punk… Si l’on regrette un peu le côté intimiste qu’elle avait avant (et qui a débouché sur des concerts mémorables, comme ceux de Lambrini Girls ou The Psychotic Monks en 2023) on ne peut que se réjouir de la mise en avant du rock au sens large. La scénographie de l’endroit, véritable extension de ce que l’on connaissait avant, avec ce mélange de bois et d’industriel, est particulièrement réussie aussi. Et c’est sans surprise ici que l’on va passer le plus clair de notre temps tout au long du festival, quand on ne sera pas du côté BD bien entendu… Car c’est là que les groupes qui nous intéressent sont bien sûr programmés. Avec une coloration punk garage féminin assez marquée cette année avec la présence à l’affiche de Sprints et son rock énervé, entre punk et grunge. Un groupe irlandais qui peut compter sur sa chanteuse-guitariste pour faire monter la pression notamment quand elle lance un « Free Palestine » (dont le drapeau avait été mis bien en évidence sur la scène). Une belle découverte. Ce soutien primordial et bienvenu à la Palestine sera d’ailleurs un peu le leitmotiv de la scène, Idles, notamment, y prenant part aussi, mais on y reviendra un peu plus tard… Panic Shack marquera aussi clairement des points. Les galloises (4 nanas accompagnées par un mec à la batterie) proposent un punk-rock pas forcément original (même s’il fait parfois des incursions dans le post-punk) mais efficace en concert. Et on aime beaucoup leur humour, avec des chorégraphies plutôt surprenantes assez drôles… Ainsi que leur plaisir, évident, de jouer ce soir-là au Cabaret. Une joie communicative. Le public a apprécié. Sans oublier, bien sûr, Lambrini Girls qui revenaient déjà à Charleville-Mézières. Il faut dire que les filles (Macieira-Boşgelmez et Lunny sont les 2 piliers du groupe) avaient proposé, il y a deux ans, l’un des concerts les plus marquants du festival avec des incursions impromptues et régulières de Lunny parmi le public, le faisant chanter et danser avec elle. Elles ont refait le coup cette année. Certes l’effet de surprise n’était plus là mais c’est toujours aussi efficace. Leur punk-garage, plutôt basique, n’invente rien, c’est vrai, mais leur sincérité et leur engagement (elles se sont retirées de certains festivals parce que leurs sponsors soutenaient Israël…) font plaisir à voir ! On ne s’en lasse pas ! On pourrait aussi citer The Linda Lindas (qui ouvrait bizarrement la journée sur la scène principale, Zanzibar, le samedi…) même si le côté power-pop du groupe sur certains morceaux ne nous convainc pas forcément…

PANIC SHACK ©M.Tchakmakdjian

Mais venons en maintenant aux trois groupes que l’on attendait particulièrement sur cette édition Blue (c’est le nom que le Cabaret Vert lui avait donné). Commençons par notre petite déception (même si le mot est tout de même un peu fort car on est toujours contents de les voir en live) de cette année… Je veux parler d’Idles qui a livré un set moins convaincant qu’à l’accoutumée. Sans surprise en fait. Car depuis Crawler, mais surtout sur Tangk, leur dernier album, le groupe a ressenti le besoin d’essayer de nouvelles choses, de tester, d’évoluer. Logique et respectable soit dit en passant. Mais ces morceaux, sur lesquels le groupe incorpore des machines (un peu comme Psychotic Monks d’ailleurs mais avec moins d’inspiration…), passent clairement moins bien en concert. Et après un début de set énergique et idéal avec les tubes du groupe que sont Colossus, Mother et Mister Motivator rejoints par un Gift Horse inspiré, l’intensité retombe ensuite clairement quand le groupe joue Car Crash, POP POP POP ou encore When the Lights Come On… Un vrai temps faible qui arrive à la moitié du concert. D’autant que c’est le moment que Joe Talbot choisit pour parler avec le public (pour la bonne cause cependant puisque c’est pour proposer une nouvelle version de l’hymne britannique renommé, pour l’occasion, Free Palestine). Heureusement, les anglais ont la bonne idée d’enchaîner avec Never Fight a Man with a Perm qui réveille un peu tout le monde et permettra au groupe de garder de l’allant punk jusqu’au bout (malgré la petite chanson de Noël, assez dispensable, que Joe chante régulièrement…) avec l’hommage habituel aux immigrés, toujours bienvenu, Danny Nedelko et l’énorme Rottweiler qui clôt parfaitement le set comme d’habitude. Un concert qui a sûrement un peu laissé sur leur faim ceux qui ont vu  le groupe sur scène il y a quelques années, du temps des excellents New Brutalism, Joy as an Art of Resistance ou même Ultra Mono. L’investissement du groupe sur scène n’est pas en cause : on a eu droit comme d’habitude aux habituelles incursions des deux guitaristes dans le public… Bowen avait aussi revêtu (là aussi comme d’habitude…) une robe moulante à paillettes du plus bel effet et Talbot a encore montré pas mal de hargne et d’engagement politique mais c’est juste que certains des nouveaux morceaux fonctionnent moins bien sur scène et que le groupe a peut-être un peu de mal à se renouveler en live…

TRAMHAUS ©B.Chabrolle

Aucune déception, par contre, en ce qui concerne Tramhaus, groupe qui fait clairement l’unanimité à Positiverage. Si Mathieu a déjà eu la chance de les voir plusieurs fois (ça, c’est l’avantage d’habiter la capitale…), pour ma part, c’est la première fois que je les vois sur scène. Et ça a été juste parfait. Les hollandais étaient en grande forme. Et ce n’est pas le soleil qu’ils avaient en pleine figure qui a refroidi leurs ardeurs. Les yeux souvent plissés, le chanteur, Lukas Jansen, arpente, dés les premières notes (le groupe ouvre avec Once Again) la scène avec détermination, nous offrant quelques petits déhanchés dont il a le secret ici ou là. Ce qui frappe tout de suite c’est la complicité entre les membres du groupe, ce qui permet de faire passer les petits soucis techniques (une extrémité de la bandoulière de la guitare de Nadya qui se décroche pendant un morceau ou l’autre guitariste, Micha, obligé de changer de gratte après avoir cassé une corde…) très naturellement, quasiment comme si de rien n’était, après quelques regards amusés. La basse imposante de Julia emmène sans surprise les morceaux permettant aux deux guitaristes de dialoguer avec inspiration. Mais c’est bien sûr Lukas qui attire les regards. Ce gars a une vraie présence. Sans trop en faire. Son chant intense charismatique y étant pour beaucoup. Tramhaus est heureux d’être là et ça se sent. La setlist est solide et sans temps mort. On pourrait presque citer tous les morceaux mais I Don’t Sweat, Make it Happen ou encore Flleur Harry sortent tout de même du lot. On aurait bien sûr aimé un petit rappel mais festival oblige il n’y en aura bien sûr pas. L’un des grands moments de cette édition 2025, à n’en pas douter. 

L’autre grand moment est venu de la scène Zanzibar le samedi soir. Avec un groupe que l’on attendait de pied ferme. Et pour cause, les Queens of the Stone Age, vous vous en souvenez peut-être, avaient été contraints, l’an dernier, de reporter leur venue à cette année à cause du cancer de Josh Homme, son leader… Un Josh Homme que l’on a senti, à plusieurs reprises, ému, sincèrement, d’être là devant le public de Charleville, notamment lorsqu’il est descendu de scène pour se rapprocher des gens des premiers rangs, donnant ici des checks là des baisers. L’homme n’a pas été très bavard et ne s’est que peu livré mais ses rares prises de parole montraient sa joie d’être sur scène parmi ses potes comme lorsqu’il lance, pour se présenter, « I’m Will Smith »… Cela s’est aussi ressenti côté musique avec des versions très inspirées de leurs morceaux, comme si le groupe leur avait donné un petit supplément d’âme. Et quoi de mieux pour commencer que le « vieux » No One Knows (présent sur l’album Songs for the Deaf), tout simplement parfait pour ouvrir les hostilités. Le public, nombreux, est déjà sous le charme et le restera jusqu’à la fin. Le groupe ne jouera que trois morceaux (Time and Place et les excellents Carnavoyeur et Emotion Sickness) de son dernier album en date, In Times New Roman, préférant puiser dans ensemble de sa discographie (8 albums au compteur). Il faut dire que le public est aussi venu pour entendre les tubes que sont I Sat by the Ocean, My God Is the Sun, Into the Hollow ou encore Go with the Flow. Le Cabaret Vert est alors assez chaud pour un Make it wit Chu d’anthologie. Les Queens en livrent une version allongée dont ils font reprendre le refrain par le public. Un très beau moment de communion. Le groupe ignore totalement l’album Villains (et ce n’est pas un mal…) et enchaîne avec Go with the Flow avant de finir par un A Song For The Dead totalement furieux sur lequel les premiers rangs se déchaînent. Le pogo qui se crée spontanément oblige d’ailleurs pas mal de gens à se réfugier sur les côtés… Une fin en apothéose pour le meilleur concert de cette édition 2025 !

Côté BD, cette 19ème édition a été toute aussi réussie avec un plateau d’auteurs très intéressants (nombre d’entre eux se retrouvent d’ailleurs régulièrement dans les chroniques de la rubrique BD de Positiverage…). Pas forcément de noms ronflants (Buchet, assez rare en festival, était tout de même là) mais la présence de Lereculey (le dessinateur de Les 5 Terres), Hureau (qui a d’ailleurs remporté un prix du festival pour son Le Vivant à vif), Tanquerelle (aux crayons pour la trilogie Le Dernier Atlas), que l’on rencontrait pour la première fois, Prudhomme venu faire la promotion de son très bon Rébétissa, la suite de Rébétiko, Alary, Salomone ou encore Sentenac qui vient de sortir le troisième et dernier tome de Nôo. Et aussi, comme d’habitude, des événements organisés hors les murs du festival comme des expos (Pop Pop Bic à la médiathèque Voyelles qui présentait le travail de Teddy Bolino qui réalise ses dessins sans croquis préparatoires et entièrement au stylo Bic ! Impressionnant de réalisme ! ) ou l’habituelle visite du musée Guerre et Paix de Novion Porcien le dimanche, temps fort de l’exposition autour de Adieu Birkenau avec, cette fois, Morvan, Malfin et Cesc. Sans oublier l’organisation des prix BD Cabaret Vert (le prix adulte a été remporté par Besançon et Lacan pour Verts, le prix Jeunesse par Aurélie Neyret pour Lulu et Nelson tandis que le prix Connaissance est revenu à Simon Hureau et Bruno David pour Le Vivant à vif paru chez Rue de Sèvres), histoire de rappeler que la BD fait partie de l’ADN du festival tout comme son engagement pour le développement durable  (pour être sélectionnés les livres devaient tourner autour de ce thème).ou la biodiversité. D’ailleurs, le Cabaret a poursuivi son programme DECARB-ON! cette année en demandant, par exemple, aux restaurateurs présents sur le festival d’afficher le score carbone des plats proposés et en imposant l’utilisation de contenants réutilisables… Une démarche clairement inspirante. De quoi, en tout cas, nous donner envie de se donner rendez-vous à l’année prochaine pour les 20 ans du festival !

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