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Vingt ans après, JUNE OF 44 rejouait aux Instants Chavirés

Voir June of 44 en 2022, aux Instants Chavirés, salle incontournable de la scène noise rock des années 90, ressemble fort à un gros bug temporaire. Retour vers le passé enclenché. J’ai beaucoup écouté (et soutenu) ce groupe dans les années 90. Je les ai vus plusieurs fois (et notamment dans cette salle en 1999), et je les ai même interviewés… Revenir plus de vingt après pour les entendre, là où je voyais la plupart de mes concerts de l’époque, est vraiment une expérience étrange. D’autant qu’en tant que date unique en France si je ne me trompe, le public est venu d’un peu partout, et je recroise évidemment les ami.e.s et connaissances de l’époque que j’avais perdu de vue. C’est bizarre, mais en même temps particulièrement agréable.
Bref, après les disques de DJ Falafel, les new yorkais, qui attendaient tranquillement avec le public devant la scène, vont s’installer (faut-il rappeler qu’il n’y a pas de vraies loges, et que, dans cette salle, on arrive sur scène par le devant). Quand June of 44 débarque donc, c’est une partie de l’histoire de la musique indépendante de l’Est des Etats-Unis qui refait surface. Vous connaissez sans doute Jeff Mueller que nous interviewions encore il y a peu (pendant le confinement), guitariste de Rodan ou de Shipping News, deux groupes majeurs. A côté de lui au centre, le bassiste Fred Erskine se fit connaitre dans Hoover, une pépite du label Dischord, tandis qu’à droite de la scène, avec sa grande barbe et son chapeau, le second guitariste et chanteur Sean Meadows a joué plusieurs années avec les sublimes Lungfish (de Dischord eux aussi). Enfin derrière eux, l’homme qui va se faire remarquer ce soir, plus encore qu’à l’époque, c’est le batteur Doug Sharin (qui jouait dans Rex, et a formé Him après June of 44), et qui va briller pendant tout le concert. Cet homme est un excellent batteur certes, mais il amène surtout un chaloupé incroyable aux mélodies de June, et, en plus de la finesse qu’il utilise, il va nous honorer d’un sourire particulièrement agréable. Car les new yorkais sont heureux d’être là, et vont jouer sans retenue. Si les physiques ont pris un petit coup de vieux, l’énergie est restée intacte, l’envie de partager est présente elle aussi. La prise de risque, la fragilité, tout est là, comme à l’époque.

Et le set va commencer sur les chapeaux de roues avec un enchainement de tubes monstrueux jusqu’au grandiose Anisette. Je me souviens encore de Nicolas de Prohibition me parlant du texte de ce morceau, en me montrant qu’il n’y avait pas besoin de toujours faire des textes compliqués. C’est clair quand tu vois comment June of 44 fait sonner ce mot, Anisette, dans ce morceau, tu sais que tout peut se transformer en or. Et la plupart de leur tubes vont y passer (enfin mes tubes en tout cas), du premier album (« Engines Takes To The Water ») au dernier. De Have a Safe Trip, Dear, à l’ultime Anisette donc, en passant par le superbe The Dexterity of Luck, ou encore l’explosif Sharks & Sailor au rappel.

Bref, les fans sont ravis, et de mon côté, même si je n’écoute plus vraiment ce groupe à la maison, je partage cet enthousiasme. Ce petit retour dans le passé était touchant à souhait. Les retrouvailles avec les personnes perdues de vue aussi, même si on se dit toujours que c’est trop court… Alors, à dans 20 ans ?

(Merci à Philippe Tiphaine pour les photos)

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