BD. Il faut toujours se méfier des apparences ! On pourrait croire qu’avec ce dessin simple et ses couleurs vives, presque fluo parfois, Alyte est un livre jeunesse. Il n’en est rien, son propos étant bien plus complexe qu’il n’y paraît. Alyte commence en fait comme un récit d’apprentissage. Pour un têtard qui vient de naître et découvre qui il est et le monde. Ses beautés, l’amitié, ses dangers aussi avec les prédateurs, nombreux (canards, aigles, serpents…), qui rôdent et…la mort. Car la loi de la nature est impitoyable. S’il faut tuer un bébé pour nourrir ses propres enfants, un aigle n’aura pas de scrupules à le faire. La vie est dure et très courte pour certains animaux mais elle peut être belle, notamment quand on rencontre l’amour et découvre l’expérience de la paternité. Mais tout cela est menacé par Léthalyte. Ces routes et toutes ces autres choses que l’Homme construit et qui mettent en danger la nature et le règne animal. Le récit d’apprentissage se fait alors aventure écologique puisqu’Alyte va entrer en résistance, avec d’autres, contre Léthalyte…
Une histoire étonnante, à la fois existentialiste et écologique, qui nous parle de la vie sur Terre d’un point de vue inhabituel, celui d’un crapaud et c’est, bien sûr, ce qui fait son grand intérêt. Car Alyte met l’accent, lui, sur le rôle du soleil, l’équilibre naturel que l’Homme met en péril ou encore l’importance de Lymphore (sa mare originelle), de Silva (la forêt) ou encore des élargisseurs de monde (les castors) et des demi-dieux (des canards…). Bref, une autre histoire de la vie menée de main de maître par Moreau. Et elle fait du bien car elle met les choses en perspective, soulignant ce qui compte vraiment…
(Récit complet, 308 pages – Editions 2024)