BD. Le quotidien de cette résidence de Toronto semble des plus banal. Des voisins qui se disputent à cause du bruit, un mari qui tente par tous les moyens de payer les factures du traitement de sa femme malade d’un cancer, un petit dealer qui vend ses trucs, discrètement, dans la cour…Jusqu’à ce que la mort de l’un des résidents, Félix, un petit vieux, ne les fasse basculer dans un monde parallèle, sorte de labyrinthe rempli de dangers duquel ils ne pourront sortir qu’en collaborant…
Après Des Milliers de plumes noires et Le Passage, Lemire et Sorrentino poursuivent donc l’exploration de l’univers du Mythe de l’ossuaire avec un troisième récit intitulé Les résidents. Si le lien entre les trois histoires n’est jusque-là pas vraiment évident, ils ont cependant un point commun clair : cette atmosphère fantastique flippante qui va crescendo…Etranges créatures masquées, nuées de mouches, corbeaux qui attaquent et autres pièges dignes d’Indiana Jones jalonnent ainsi l’exploration du fameux labyrinthe qui va, bien sûr, attiser les tensions entre les 7 tout en jouant le rôle de révélateur de ce que chacun a au plus profond de lui-même : folie, amour, sacrifice…
Un récit horrifique qui plaira à coup sûr aux fans de Lovecraft. Quant aux plus cartésiens, si cette plongée dans le surnaturel qui fait des références à la Bible (le paradis perdu, la pomme, Caïn et Abel…) les laisse perplexe, ils pourront toujours se délecter du travail graphique magnifique de Sorrentino : un trait réaliste bluffant qui allie trait fin expressif et aplats de noir inquiétants, parfaitement mis en exergue par un spécialiste de la mise en couleur, Dave Stewart, et des compostions de page souvent inventives, parfois totalement éclatées, révélatrices de la folie qui menace les personnages…
(Récit complet, 312 pages – Urban Comics)