BD. Amazonie,1557. Nicolas Leclerc, français catholique, vit nu, le crâne rasé, au milieu des Tupinambas. Il aurait dû être mangé comme le veut leur coutume mais après avoir été fait prisonnier il s’est mis à chanter. Cela a charmé les Indiens amazoniens qui ont décidé de l’épargner. Depuis, il vit parmi eux, avec la femme qu’ils lui ont donnée, Pépin. Il parle leur langue et partage leurs traditions même si manger de la chair humaine lui pose encore problème. Un jour, Villegagnon, le gouverneur de Fort-Coligny, va le faire chercher pour l’emprisonner car il vit « nu comme un païen » et « fornique avec une indienne » sans être mariée avec elle…
Indiens croyant en Mara-pochy le Dieu défiguré mais intégrant volontiers le Dieu des blancs, Jésukri, à leurs croyances s’il peut leur apporter une protection supplémentaire ; huguenots partis s’installer en Amérique du sud pour pouvoir vivre leur religion librement (en Europe, à cette époque, les protestants étaient pourchassés et tués…) ; catholiques venus pour tenter de coloniser ce pays d’hérétiques : en plaçant leur héros, Nicolas, au beau milieu de ce méli-mélo religieux, la très bonne idée d’Antipodes !, David B. et Lambé nous plongent dans les croyances de l’époque, où chacun considère que l’autre est un barbare car il a des coutumes et des croyances différentes. Car si les français considèrent, bien sûr, les Tupinambas comme des sauvages qui n’ont pas d’âme car ils vivent nus, pour les Tupinambas, ce sont les Ouatecas, une autre tribu indienne, qui sont des sauvages car ils mangent leurs prisonniers sans les faire cuire au préalable…Si Nicolas a du mal à s’y retrouver, ce qui lui importe, c’est la tolérance dont les Tupinambas font preuve envers lui et l’amour que lui porte sa femme Pépin…
Un destin hors du commun et une réflexion sur les notions de civilisation et de sauvagerie que David B. et Lambé mettent en images avec fantaisie et poésie (les Indiens prêtent des pouvoirs magiques à Nicolas, ce qui aboutit parfois à des quiproquos et leurs croyances fantastiques, comme « celui dont on ne doit pas dire le nom », sont omniprésentes), le chant et la danse rythmant Antipodes de bout en bout, dans ce récit surprenant, avant tout ode à la liberté et à la tolérance.
(Récit complet, 112 pages – Casterman)