A 82 ans, Niceto est un petit vieux comme les autres, si ce n’est qu’avec sa bande de copains ils ont pris la curieuse habitude de revendre du matériel de contrebande dans la rue pour se faire de l’argent qu’ils jouent ensuite aux cartes dans un café. Un travers qui fait rire son petit-fils Alvaro qui va parfois le chercher au poste de police. Mais quand l’un d’entre eux est retrouvé mort, assassiné d’un coup violent derrière la nuque, l’inquiétude surgit. D’autant que quelques jours plus tard, c’est au tour de Niceto d’être introuvable…
Il est plus que probable qu’un grand nombre de passionnés de bd se jette sur Au fil de l’eau. En premier lieu parce que c’est un polar particulièrement réussi et en même temps atypique avec son côté existentialiste présent, en filigrane, tout au long du récit. Mais aussi parce que c’est la première fois que Juan Diaz Canales (à qui l’on doit bien sûr les scénarios de Blacksad ou plus récemment la reprise de Corto Maltese) dessine l’une de ses histoires. Et on se demande bien pourquoi l’espagnol a attendu aussi longtemps pour franchir le pas car son dessin n’est pas loin d’être irréprochable techniquement en plus d’être vraiment expressif. Du coup son noir et blanc porte idéalement ce récit (à la narration toujours aussi maîtrisée) sombre et amère qui propose une réflexion assez inattendue sur la vieillesse, le temps qui passe et la vie en général. Une curiosité très recommandée.
(Récit complet – Rue de Sèvres)