ALBUM. Aux débuts des années 90, le célèbre label d’Angers Black & Noir, dont le groupe maison Les Thugs fera office de locomotive, décide d’imiter ses cousins américains de Sub Pop en lançant lui aussi un Club Single. Pour 90 F (env 24€), les souscripteurs recevaient donc cinq 45t sur une année (le Club a perduré 2 ans de 1990 à 1992). But avoué : être défricheur de nouveaux talents, et documenter l’effervescence de la scène indépendante des nineties balbutiantes.
Evidemment, les petites galettes deux titres, tirées à peu d’exemplaires ne sont pas toujours faciles à retrouver aujourd’hui.
Heureusement, le label Nineteen Something a eu la bonne idée de profiter de la sortie du livre de Patric Foulhoux « Black & Noir Records, Enragez-vous ! » chez Metro Beach (livre qui retrace la saga du label angevin, mais nous y reviendrons dans une chronique dédiée), pour compiler les dix 45t du Club Single de Black & Noir sur un même CD.
On retrouve donc 20 titres de groupes parmi lesquels Dirty Hands, Mad Monster Party, Uptown Bones, Overflow, Burning Heads ou Les Thugs. Et si, pour beaucoup, le 45t sera la première apparition vinylique (Burning Heads, Drive Blind, Dirty Hands, Shaking Dolls, etc.), le club Single verra aussi quelques groupes plus établis se prêter au jeu, comme Les Thugs ou les américains d’Uptown Bones (réunis d’ailleurs sur le même 45t).
C’est donc un vrai voyage archéologique que nous offre cette compilation qui montre autant la cohésion artistique de l’ensemble des groupes sélectionnés, que sa diversité.
En effet, on retrouve du premier au vingtième titre, une même envie d’en découdre mêlée à ce sens de la mélodie, une énergie particulièrement sonique mais plus sournoise que frontale. Bref, il y a dans ces dix groupes (onze avec Les Thugs) un petit quelque chose qu’on pouvait retrouver dans un sens ou dans un autre dans Les Thugs, que cela soit évident comme chez Dirty Hands ou Casbah Club, ou moins flagrant comme chez les Burning Heads ou Hydrolic Systems.
Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ces groupes ont tous une personnalité propre, et c’est bien leur réunion dans le Club Single (et encore plus avec cette compilation CD) qui nous fait voir les liens qui les unissent. Qu’ils soient plus rattachés à un certain mouvement hardcore ou qu’ils viennent plus de racines rock’n’roll, les groupes participant à ce club Single partageaient un même sens de la révolte musicale, assez typique de ces années là.
Que vous ayez vécu la sortie de ces 45t à l’époque ou que vous les découvriez aujourd’hui, vous devriez y trouver un réel plaisir, qu’il soit nostalgique (quelle joie de se souvenir des premiers sons de Drive Blind avant son virage plus noise), archéologique, ou tout simplement curieux.
Et les petites citations d’Eric Sourice sur chaque groupe dans le petit livret qui accompagne la compilation, n’est que la cerise sur le gateau.
(CD 20 titres – Nineteen Something)