BD. Le Lombard poursuit son programme de parutions de l’intégrale de Capricorne avec ce tome 2 (il y en aura 4 en tout) qui comprend cette fois 4 épisodes (dont un double), les tomes 6 à 9 de la série, qui correspondent à ce que l’on peut appeler le cycle du Concept. Une entité insaisissable, sans hiérarchie ni commandement apparents, dont les activités sont prévues pour s’arrêter le 31 décembre. Une organisation populiste et autoritaire qui entend, d’ici là, remettre le monde dans le droit chemin en ré-inculquant ordre et discipline aux sociétés…En commençant par interner les adeptes du paranormal : astrologues, chiromanciens, sorcières, télépathes…dans des camps. Voilà pourquoi Capricorne est arrêté, brutalement, à son domicile alors qu’il discute avec Astor et Ash au début de cet intégrale…
Le cycle du Concept est probablement le plus marquant de la série. Critique des totalitarismes mais aussi des grands groupes industriels qui profitent pleinement des guerres, il propose une vision très sombre et désabusé de l’Humanité avec son final qui confine à l’absurde. Un cycle important pour son héros puisqu’il y franchit une étape cruciale dans sa quête identitaire en apprenant à la fois son nom et qui était son père. Pour le reste, Andréas construit son récit très lié à la filiation (on retrouve plusieurs binômes père/fils dans ce cycle) comme à l’accoutumée, autour du mystère : homme difforme qui rôde dans le camp, dans l’ombre, dans Attaque ; étranges boules qui s’ouvrent à l’intérieur des membres des Mentors pour libérer des lames qui les transforment en macchabée-hérissons s’ils sortent du droit chemin fixé par leur confrérie ; codes à déchiffrer ; prophéties à décoder ; phrases sibyllines prononcées par les personnages (“Vous n’êtes pas entier”, annonce ainsi Jefferson à Capricorne dans le tome d’ouverture) : Andréas relance constamment la curiosité et l’intérêt du lecteur grâce à ces stratagèmes scénaristiques qui fonctionnent parfaitement. Et il y ajoute, bien sûr, l’apparition de monstres ancestraux ici ou là dans l’histoire. Difficile de s’ennuyer ne serait-ce qu’une seconde d’autant que du côté du découpage, l’auteur se montre toujours aussi inspiré et inventif.
Un très bon cycle, très cohérent, que l’on (re)découvre avec grand plaisir dans cet intégrale en noir et blanc qui met vraiment en valeur le superbe dessin d’Andréas et notamment son travail sur les ombres (faites de hachures fines très précises).
(Intégrale en 4 tomes, 264 pages)