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ELON MUSK, enquête sur un nouveau maître du monde (Cunningham)

BD. Après s’être penché sur le cas de Poutine (Poutine : l’ascension d’un dictateur), Darryl Cunningham s’est, cette fois, intéressé à une autre personnalité actuelle, presque aussi controversée : Elon Musk. Dans ce portrait particulièrement complet, l’auteur britannique (qui donne aussi des conférences à la London School of Economics) revient bien sûr sur la trajectoire du milliardaire : son enfance en Afrique du Sud, les figures marquantes de sa famille, ses débuts dans les affaires, l’acquisition de PayPal, la création de Tesla puis de SpaceX et bien entendu le rachat, en 2022, de Twitter. Et met en exergue, chemin faisant, les traits de caractère principaux de Musk : sa détermination, son audace et son ambition débordante mais aussi son entêtement, son égo surdimensionné et sa mégalomanie. Dans son récit, fruit d’une enquête très fouillée (il cite, en postface, les très nombreux ouvrages sur lesquels il s’est appuyé pour le réaliser), il montre aussi que Musk ne veut pas seulement donner vie à ses rêves (notamment celui de faire de l’être humain une race qui va conquérir d’autres planètes), il veut aussi influer sur le monde qui l’entoure. Et le problème c’est que sa richesse (il pesait 192,7 milliards de dollars en 2023) lui en donne la capacité. Il a ainsi pu acheter Twitter (pour 44 milliards de dollars, une somme bien supérieure à la valeur réelle de la marque au petit oiseau bleu) pour contrôler les communications mondiales. Depuis son rachat, Twitter, ou plutôt X, a ainsi permis à des personnes dont le compte avait été fermé pour non-respect des règles de revenir sur le réseau et d’exprimer de nouveau leurs idées, très souvent extrémistes, suprématistes, conspirationnistes ou racistes…

L’autre intérêt de l’enquête est de prouver qu’Elon Musk n’est pas le génie que l’on croit. Certes intelligent, il a surtout su s’appuyer sur le savoir et le talent d’ingénieurs (d’autres que lui avaient, par exemple, travaillé sur le projet des Teslas avant qu’il ne rachète la marque) et a l’art, il faut l’avouer, de faire des sorties médiatiques, souvent mises en scène de façon spectaculaire, marquantes. Quant à sa fortune, Cunningham rappelle qu’il la doit surtout aux derniers gouvernements américains qui ont signé de gros contrats avec SpaceX malgré les retards de livraison ou les couacs techniques…

Un travail d’investigation indispensable qui entend faire descendre Elon Musk du piédestal sur lequel il s’est lui-même placé tout en montrant le danger de laisser autant de pouvoir à ces nouveaux ultra-riches (dans ce registre il est impossible de ne pas citer Bolloré à qui l’on doit, en grande partie, la situation politique actuelle en France…). Un récit au sujet duquel on n’a, en fin de compte, qu’un bémol à formuler : son dessin, parfois un peu trop rapide, voire négligé (on sent que pour Cunningham l’essentiel est ailleurs…), ce qui donne, par exemple, parfois, des rictus inquiétants aux différents protagonistes.

(Récit complet, 184 pages – Delcourt)

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