BD. Il y avait eu les insinuations de son grand-père (« Ton père, pendant la guerre, il était du mauvais côté ») lorsqu’il était enfant mais son père ne lui avait jamais parlé directement de son rôle entre 1939 et 1945. Alors, quand Sorj Chalandon, devenu journaliste, a suivi le procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987 pour Libération, ce passé est remonté à la surface et il a eu envie de savoir et de comprendre. Il a donc repris contact avec son père et lui a proposé d’assister au procès pour le voir et pouvoir lui poser des questions. Pourquoi avait-il rejoint les troupes allemandes en 1942 ? Pourquoi était-il devenu un traitre ? Malheureusement, à chaque conversation, son père, passé maître dans l’art du mensonge, louvoie et se dérobe…
Déjà auteur de l’adaptation de Profession du père, autre roman autobiographique de Chalandon dans lequel l’auteur revenait sur la mythomanie de son père, Sébastien Gnaedig (qui est aussi, accessoirement, directeur éditorial de Futuropolis…), s’est, cette fois, emparé d’Enfant de salaud, quête de vérité d’un fils au sujet de son père traitre à la patrie. Un roman brutal (son père le dénigre et le rejette régulièrement malgré ses demandes) et sombre dans lequel Chalandon met en parallèle sa quête de vérité personnelle avec celle, plus historique, du procès des nazis et de Klaus Barbie. Un dispositif qui donne une portée plus universelle à l’histoire tout en la rendant plus alerte. Une nécessité pour éviter que le livre ne se résume à des confrontations entre le fils et le père. Un dispositif que Gnaedig a bien sûr conservé et qu’il accompagne de son dessin sobre habituel : un trait très simple, qui se veut fluide avant tout, ici rehaussé des couleurs inspirées d’Isabelle Merlet. Il parvient ainsi à rendre avec justesse la dureté de cette histoire, impossible relation entre un fils avide de vérité et un père qui fuit dans le mensonge.
(Récit complet, 176 pages – Futuropolis)
