BD. On connaît surtout Rochette pour son travail sur le mythique Transperceneige. Mais il serait dommage de passer à côté de ses romans graphiques, souvent indispensables. Des odes, magnifiques, à la nature et à la vie sauvage. Le Loup, Ailefroide, Altitude 3954 (avec Bocquet) et maintenant La Dernière reine, qu’il faut absolument lire ! D’un trait épais, brut pour garder toute sa spontanéité, Rochette y conte l’histoire des ours. Présents dans le Vercors depuis longtemps, depuis toujours, depuis bien avant les Hommes. Jusqu’à ce que ceux-ci décident qu’ils sont un danger et ne les tuent. Jusqu’à les exterminer. On dit que le dernier ours du Vercors a été tué par un berger, Tolozan, en 1898. Edouard le sait, il était là, gamin, quand c’est arrivé. Il s’en rappelle bien car ce jour-là le brigadier l’a mis au cachot quelques heures pour avoir dit ce qu’il pensait de cette tuerie et pour avoir défendu sa mère, dont on disait dans le village qu’elle couchait avec les loups et les ours…Le début des relations compliquées d’Edouard avec les Hommes dont sa mère lui a toujours dit de se méfier : « Les gens sont méchants et cruels. Il faut s’en méfier comme de la peste et les fuir ». Un conseil que le garçon tenta de suivre, surtout après qu’il soit revenu de la guerre avec la gueule cassée. La rencontre avec Jeanne, une artiste parisienne qui lui refit le visage, lui permit de croire, un temps, qu’il pourrait être heureux. C’était sans compter la stupidité et la méchanceté des Hommes…
Que dire, à part que La Dernière reine est tout simplement un superbe récit ? Rares sont les livres qui vous bouleversent : cette nouvelle œuvre de Rochette en fait partie. L’émerveillement de voir le soleil se lever sur les crêtes d’une montagne, l’émotion de croiser le regard d’un cerf ou d’un sanglier dans les bois, la colère face à la méchanceté et la stupidité des Hommes, la satisfaction de voir Jeanne et Edouard s’aimer et être heureux ensemble : voilà, entre autres, ce que l’auteur nous fait ressentir (impossible de rester de marbre ici…) tout au long de La Dernière reine, à la narration maîtrisée de bout en bout. Lecture indispensable !
(Récit complet, 240 pages – Casterman)