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L’ENFER (Badout, d’après le film de Clouzot)

BD. L’Enfer est un film, au titre prémonitoire pour son réalisateur, qu’Henri-Georges Clouzot a tourné en 1964 mais qui n’a jamais été terminé. La cause, ou plutôt les causes ? Un projet monumental (produit par la Columbia, Clouzot avait un budget illimité) complexe à gérer, des acteurs surmenés, le lac de Grandval tout proche qui allait être vidangé alors que des scènes devaient y être tournées et, pour finir, un infarctus du réalisateur ! 60 ans après, Nicolas Badout a décidé de faire aboutir le projet novateur (Clouzot voulait utiliser des effets visuels et optiques encore jamais filmés) de Clouzot sous forme de roman graphique ! Il s’est donc plongé dans les écrits, films, documentaires qui ont trait au film mais aussi dans les rushes de Clouzot pour en livrer une version la plus fidèle possible à ce que le réalisateur avait en tête. L’histoire d’une descente aux enfers, celle de Marcel. Dont le bonheur avec sa femme Odette et son fils Pierrot ne durera que très peu de temps (il ne représente d’ailleurs qu’une ou deux scènes dans la BD), totalement occulté par la jalousie maladive qui prend possession de lui régulièrement, et de plus en plus souvent, et qui lui fait imaginer le pire : des scènes insupportables dans lesquelles sa femme se donne aux clients de leur hôtel. A Martineau, le garagiste ; à Bordure, pourtant marié. Et même à Paul leur jeune serveur. Une jalousie qui le rend fou car elle l’obsède, totalement, jour et nuit. Et elle rend folle Odette aussi car si elle s’est montrée compréhensive au début (après tout c’était la preuve qu’il l’aimait…), cette jalousie finit par l’étouffer, son mari la surveillant et la questionnant sans cesse sur ses activités…

L’intrigue est finalement mince et assez répétitive (Marcel qui suit Odette, Marcel qui la questionne, Marcel qui n’arrive plus à se raisonner et plonge petit à petit dans la folie) mais ce qui compte ici, bien sûr, c’est la façon dont Badout raconte cette histoire et met en scène la folie de Marcel grâce à son noir et blanc expressionniste anxiogène, hérité d’un Burns ou d’un Mezzo, qui, comme Clouzot, utilise aussi des effets (visages qui se distordent, apparition soudaine de la couleur…) pour montrer la réalité qui se déforme dans la tête de Marcel. D’une grande maîtrise, il rend cette paranoïa si palpable qu’elle met mal à l’aise dans certaines scènes. Preuve que Badout a bien réussi son coup !

(Récit complet, 176 pages – Sarbacane)

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