BD. Années 30, Turquie. Dans la nouvelle ville d’Ankara, dans le quartier d’Avrenos, c’est souvent au Chat noir que parlementaires, ambassadeurs et autres personnages moins recommandables sortent pour boire un raki ou y voir des filles. Jonsac, qui travaille pour l’ambassade française, s’est entiché de Nouchi, une jeune hongroise qui doit être expulsée parce qu’elle est mineure. L’homme lui propose de l’épouser pour lui permettre de rester en Turquie. Nouchi accepte tout en lui disant qu’elle déteste les hommes et que ce mariage le rendra malheureux…
Après Le Passager du Polarlys et La Neige était sale, Les Clients d’Avrenos rejoint la collection d’adaptations de romans durs de Simenon lancée par Dargaud. « Durs » parce que, contrairement aux Maigret, ils donnaient du fil à retordre à l’écrivain. Mais aussi parce qu’ils sont désenchantés au possible. Les Clients d’Avrenos en est un bon exemple. Avec ce couple mal assorti, dénué d’amour, que forment le discret et un peu empoté Jonsac et Nouchi, fougueuse et pleine de vie, prête à tout pour éviter la misère de sa jeunesse, même à épouser un homme qu’elle n’aime pas. A proprement parler, il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire car ce qui intéresse ici Simenon, c’est avant tout d’observer ce couple, son fonctionnement étrange, les frustrations qu’il occasionne ou les relations avec son entourage dans cette Turquie très ouverte et tolérante d’Atatürk.
Il n’y a rien à reprocher à l’adaptation de Fromental, spécialiste de l’œuvre de Simenon et Mattiussi et son trait inspiré, agréablement personnel, mais l’histoire a malgré tout du mal à enthousiasmer, l’étude psychologique de ce couple manquant tout de même de péripéties et de rebondissements pour réellement nous tenir en haleine.
(Récit complet, 88 pages – Dargaud)
