Voilà, c’est fini. « Notre Dame des lacs » est le dernier tome de « Magasin Général ». Loisel et Tripp avaient bien annoncé qu’ils ne voulaient pas d’une série à rallonge et pourtant il est difficile de ne pas avoir un petit pincement au cœur. Cela faisait tout de même 8 ans que l’on avait chaque année rendez-vous avec un nouvel épisode signé du duo. A n’en pas douter, les « howowo » de Gaëtan vont nous manquer. De même que la gouaille de Noël, la gentillesse de Marie ou la diplomatie de Serge.
Bon, on a déjà dit à de nombreuses reprises tout le bien que l’on pensait de cette série. Que ce soit au sujet de l’admirable travail graphique à quatre mains de Loisel et Tripp (rappelons que Loisel met en scène l’histoire avec des crayonnés assez poussés avant que Tripp, dans un deuxième temps, n’affine et précise le trait pour distiller les ambiances et la lumière typiques de la série), du réalisme et de la justesse de leur reconstitution de la vie dans la campagne québécoise dans les années 20 (rien ne manque, même pas la savoureuse « parlure » québécoise) ou de la tendresse qui se dégage des personnages. Alors il ne nous reste plus qu’à tirer un grand coup de chapeau à Loisel et Tripp pour leur magnifique ode à la vie, à la liberté et à la tolérance (que de chemin parcouru dans les mentalités à Notre Dame des lacs depuis le début : le village finit sans maire, avec un curé quasi-démissionnaire qui n’assure plus, et encore, après négociations, qu’une messe toutes les 2 semaines, un restaurant de chef français, une veuve qui est en famille –entendez enceinte-, des « partys » de Charleston et un couple gay…) qui va rapidement devenir un classique incontournable de la bd et qui fait du bien en ces temps de manifs pour tous arriérées. Et on leur dit « à tantôt » pour une nouvelle série que l’on espère de nouveau à quatre mains !
(Série en 9 tomes – Casterman)