BD. Le chevalier de Brume est revenu de croisade en piteux état sur les terres de Gris. Donné pour mort, il a été ramené dans le monde des vivants par Marion, une guérisseuse dont il a été épris quelques années auparavant. Dans le Royaume, la révolte gronde : le roi et les nobles ne laissent que des miettes au peuple, corvéable à merci. Jusque-là, l’Eglise parvenait à les contrôler en agitant la menace de la colère de Dieu mais un groupe, formé par Marion et composé de femmes violées, d’orphelins et d’hommes rejetés, se met à tendre des embuscades dans la forêt de la Malvern pour mettre la main sur argent et denrées qu’il redistribue ensuite à ceux qui en ont besoin. Le chevalier, y voyant l’occasion de se rapprocher de Marion, se met au service du groupe…
S’il s’intitule Mémoires de Gris, ce conte est des plus noir ! Dans cet univers médiéval teinté de fantastique (les fées peuvent y changer les destins en échange d’un prix très élevé et Marion la guérisseuse commande aux corbeaux…), les personnages sont prisonniers de la violence dont ils ont été victimes enfants, condamnés à la reproduire ; le peuple, agonisant, tente bien de se révolter mais les seigneurs sont trop puissants et ont l’appui de l’Eglise et les héros n’en deviennent que parce que les légendes en ont besoin pour que les histoires soient belles…
Comme dans la trilogie Les métamorphoses 1858, mais cette fois en auteur complet, Ferret a créé un univers désenchanté vraiment crédible (il doit beaucoup au travail sur les couleurs, froides et ternes), aux personnages complexes (pas de manichéisme ici…), qui embrasse de nombreuses thématiques (peut-être trop…) mais auquel il manque de nouveau un petit quelque chose pour réellement enthousiasmer. La narration maîtrisée et le dessin, précis, de l’auteur, rendent la lecture de ce récit d’amour, de vengeance et de jalousie néanmoins bien plaisante.
(Récit complet, 242 pages – Delcourt)
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