Deux mois que son frère n‘est pas rentré de la grotte qu’il explorait avec l’abbé Montsouris. Avec le froid qu’il y règne, Valentin n’a pu survivre et au bout de 2 semaines, les recherches ont été abandonnées. Refusant de croire à sa disparition, sa sœur Charlotte a décidé de monter une nouvelle expédition pour partir à sa recherche. Sans savoir qu’un gros orage les obligerait à s’enfoncer beaucoup plus bas, les emmenant dans un monde encore inexploré. Un monde peuplé de créatures étranges ressemblant à des satires et où la chaleur règne. Se pourrait-il que Valentin ait eu raison : que l’Enfer, qu’il a renommé Satanie, existe bel et bien ?
Aventure, récit d’initiation, fantastique : avec Satanie, Vehlmann mêle une fois encore bon nombre de genres différents pour proposer un récit particulièrement original et imprévisible. Partant du postulat que l’homme de Neandertal, dont la disparition reste scientifiquement inexplicable, s’est réfugié sous Terre pour survivre et a donc évolué tout ce temps sans contact avec le monde extérieur, Vehlmann a ici créé un univers sous-terrain complètement inattendu, imaginant des créatures aussi surprenantes les unes que les autres et une flore aussi colorée que foisonnante. Et il y a mis Charlotte, pour qui cette descente aux enfers a tout, métaphoriquement, de l’exploration de sa propre psyché. Car si ce récit fait preuve d’une incroyable inventivité visuelle et qu’il propose une aventure qui va de rebondissement en rebondissement, Satanie est avant tout un récit d’initiation pour son héroïne qui, partie chercher son frère, se trouvera finalement elle-même. Pour ce faire, il lui aura fallu prendre son indépendance par rapport à son frère, assumer ses pulsions et désirs et accepter le poids de l’histoire familiale (elle est née d’un viol dont sa mère avait été victime).
On ne sait jamais sur quel chemin scénaristique Vehlmann va nous mener : il le prouve une nouvelle fois avec ce récit riche, fruit de son imaginaire débridé, plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord, qui devrait ravir ses fans. Dont nous sommes bien sûr.
(Récit complet – Métamorphoses)