BD. Pendant la seconde guerre mondiale, l’OSS américain et le Bureau central de renseignements et d’action français ont uni leurs forces pour l’opération Half-huit : la conception de l’espion ultime, le meilleur que le monde ait connu. Ce Spy superb hyper entraîné possédant toutes les qualités physiques et intellectuelles est cependant mort dans une explosion accidentelle. Mais sa légende a survécu et les nations ennemies croient qu’il existe encore grâce au recrutement d’espions non-professionnels, tout à fait inconscients des missions qu’ils étaient en train d’accomplir, pour le remplacer. Cette fois encore, il leur faut recruter un candide, un parfait idiot (ils ne veulent pas perdre un bon agent…), pour aller récupérer un portable qui contient la liste de tous les Spy superb ayant existé et, potentiellement, à venir. Leur choix s’est porté sur Jay qui travaille, temporairement bien sûr, dans une librairie, persuadé que son roman (il n’a écrit que le premier chapitre pour l’instant…) va être un chef-d’œuvre qui va le rendre célèbre…
Matt Kindt aime jouer avec ce genre, l’espionnage. Il l’a déjà brillamment fait, dans Super Spy ou encore Mind MGMT. Cette fois, il a décidé de se moquer, allégrement, de ses codes avec cette parodie, Spy Superb, l’histoire de cet homme, utilisé, sans qu’il le sache, comme espion, mais qui va, par un concours de circonstances incroyable, réussir à éviter tous les dangers et à éliminer tous les ennemis, même le légendaire Roche Chambeaux, qui le menacent, bien aidé par celle qui est devenue (elle devait, originellement, l’éliminer…) son ange-gardien, Lucky Leong. Pour un résultat mitigé. Kindt joue clairement la carte de l’ironie dramatique (le pauvre Jay, loser parfait, en prend pour son grade…) mais de façon trop répétée et systématique, ce qui fait qu’on s’en lasse finalement assez rapidement. Et plus globalement, l’auteur peine à enthousiasmer avec ce scénario un peu trop léger et ces scènes souvent abracadabrantesques dans lesquelles notre homme parvient à mettre en déroute les espions les plus expérimentés…Dessiné d’un trait brut, « jeté », mais qui fonctionne bien, notamment grâce à la mise en couleur, à la peinture, de sa femme, l’exercice de style, une curiosité dans l’œuvre de Kindt, laissera, du coup, sur leur faim ceux qui ont déjà lu Dept H. ou Grass Kings.
(Récit complet, 160 pages – Futuropolis)