[ALBUM] J’étais complètement passé à côté de ce groupe de Milwaukee, USA, né à la fin des années 90 sur les cendres de Managra (que je ne connaissais pas non plus). Tintoretto avait alors sorti un EP en 1999 et participé à une compilation en 2000.
25 ans plus tard, le groupe semble avoir voulu réunir toutes ses anciennes compositions sur un album, mais quitte à le faire, le quatuor a pris la folle décision de tout ré-enregistrer. En voilà une histoire pas banal. C’est ce qui explique que l’album qui sort cette année sonne comme un album de la fin des années 90. Pas dans le son (bien meilleur qu’à l’époque), mais dans les compos.
On replonge donc dans cette fin de siècle, quand du côté de Washington DC, quelques jeunes du label Dischord reprenaient le message de Fugazi en y ajoutant une tension et un mal être plus exacerbé. Leur groupe : Hoover, puis The Crownhate Ruin, Regulator Watts ou Abilene… Au même moment du côté de New York, d’autres groupes évoluaient dans cette même sensibilité à fleur de peaux : Rodan, puis June of 44 (dans lequel on retrouvera d’ailleurs un membre de Hoover). Le choix, plus radical et fragile, ne toucha pas un public très large (contrairement à Fugazi), même si June of 44 eu un relative succès d’estime, mais leur musique toucha profondément certains fans.
Il est clair que les gars de Tintoretto font parti de ceux là. Car à l’écoute de cet album, on jurerait entendre un énième groupe issus de Hoover. Cette tension, ces voix éraillées, au bord de la rupture, ces accalmies tout en douceur… Mais non, aucun membre en commun. Pourtant leur CV n’est pas honteux, puisqu’on retrouve ici le bassiste et le batteur de Call Me Lightning (batteur aussi de Haymarket Riot), ainsi que les chanteurs de Managra.
Si cet album est donc totalement anachronique, il devrait ravir les amateurs de cette scène talentueuse, mais quelque peu oubliée. Et vu la qualité du disque, il était grand temps que ce Tintoretto sorte enfin son album !
(8 titres – Expert Work / American handstand)