BD. Une jeune femme fuit, apeurée, à travers les forêts de la montagne. A bout de force, elle est accompagnée d’une louve. Mara, une guérisseuse qui vit sur les hauteurs, à l’écart des villageois qui la considèrent comme une sorcière, la découvre, à bout de force et inconsciente, dans un sous-bois. Elle la ramène dans sa cabane pour la soigner et décide de la faire passer pour sa nièce. Mais sa rousseur, sa beauté et le fait qu’elle ne parle pas ne tardent pas à provoquer la curiosité des villageois et la jalousie de leurs femmes…
Après sa trilogie autobiographique des « 20 ans », Jaime Martin revient à la fiction chez Aire libre (il y est un peu chez lui car il a déjà sorti 6 livres dans la collection…) avec Un Sombre manteau. Un récit teinté de fantastique et de mystère qui explore la vie, notamment ses traditions et superstitions, d’un village de montagne isolé de Catalogne au début du XXe siècle. Un village dont la quiétude, pour ne pas dire l’ennui, habituelle, va se trouver chamboulée par un élément perturbateur : l’arrivée de Serena, cette jeune femme rousse mystérieuse (on n’apprendra que plus tard ce qu’elle fuit réellement…) que Mara fait passer pour sa nièce. Car même si elle ne parle pas elle est l’objet de tous les fantasmes, que ce soit chez les hommes (qui sont attirés par sa beauté) ou les femmes (qui envient son côté libre de femme de la ville) et va, malgré elle, semer la zizanie au village…avant qu’il ne soit touché par une épidémie…
Avec ce récit sombre rondement mené (la narration est parfaitement huilée, protégeant le mystère entourant Serena et Mara quasiment jusqu’à la conclusion), Jaime Martin revisite, à sa façon (avec un travail graphique très réussi que l’on apprécie toujours autant, notamment cet encrage épais mais élégant typique de l’auteur espagnol et le soin apporté aux couleurs, superbes), la « figure » de la sorcière. En fait des femmes libres, rebelles sur les bords, que l’on jalousait parce qu’elles faisaient des choses que les autres n’osaient pas faire…et que l’hypocrisie, l’intolérance mais aussi l’église poussaient à mépriser…Une relecture réussie notamment grâce au côté étrange qui l’accompagne.
(Récit complet, 104 pages – Aire libre)