MANGA. Décembre 1966. Hamaguchi travaille chez un grossiste de textiles à Kyoto depuis huit mois. Il avait accepté ce travail pour faire plaisir à son frère et à sa mère et aussi parce qu’il pensait qu’on lui confierait le dessin des motifs et d’accessoires mais pour l’instant on le laisse à la réception des produits commandés aux ateliers de tissage…Les jours passent, monotones, et le jeune homme occupe ses rares moments de liberté au zoo, à dessiner les animaux…Un jour, son ami d’enfance Tamura l’emmène avec lui à Tokyo et le présente, un peu contre son gré (Hamaguchi est timide et manque d’assurance…), au célèbre dessinateur de manga Shiro Kondo. Son atelier recherche un assistant et dès son arrivée Hamaguchi est mis au travail : l’équipe doit finir des pages avant minuit pour une publication dans le magazine Shônen Holiday…
Pour cette réédition d’Un Zoo en hiver, Casterman a décidé de le publier, pour la première fois, dans son sens de lecture d’origine, c’est-à-dire de la droite vers la gauche, dans une version petit format très soignée avec une couverture cartonnée marron à rabats du plus bel effet, quelques dessins en couleurs et une histoire courte, Les Appartements Shôkarô en bonus. Une très belle occasion de découvrir ou redécouvrir l’un des meilleurs récits de Taniguchi. Pas vraiment le plus spectaculaire mais l’un des plus autobiographiques et donc des plus intéressants ! Un Zoo en hiver suit en fait les premiers mois de la vie d’adulte d’Hamaguchi. Ses tâtonnements professionnels, qui le mèneront finalement vers le manga grâce à son ami Tamura mais aussi ses premiers émois amoureux avec les rencontres d’Ayako (que son patron, c’est sa fille, lui avait demandé de chaperonner lors de ses sorties, aux magasins ou au zoo…) mais surtout de Mari, son premier véritable amour.
Un roman d’apprentissage intimiste et touchant qui brosse un portrait d’une belle justesse, notamment psychologique, de ce jeune homme tout en nous plongeant dans un atelier de mangaka, nous donnant ainsi à voir l’envers du décor : son fonctionnement (les cadences de travail sont hallucinantes et l’équipe doit régulièrement travailler la nuit…), sa hiérarchie très établie, avec le mangaka, le chef assistant et les deux assistants et les relations entre ses différents membres (ils travaillent tous à une cause commune, les histoires de Kondo, tout en bossant sur leurs propres histoires dès qu’ils le peuvent car ils rêvent tous, bien entendu, de devenir mangakas…). Une histoire, qui sent clairement le vécu, empreinte de nostalgie et dessinée d’un trait incroyablement précis et détaillé, d’une grande délicatesse. Un incontournable du manga !
(Récit complet, 272 pages – Casterman)