ALBUM. Le nom de ce groupe ne vous dit rien ? Et bien, j’ai comme l’impression qu’il va falloir vous y habituer car Chelsea Light Moving est en fait le nouveau projet de Thurston Moore ! Enfin, « projet » n’est peut-être pas le terme le plus approprié. « Groupe » serait plus judicieux puisque l’ex-Sonic Youth (rappelons, pour les distraits, que le groupe s’est séparé en 2011…) a composé tous les morceaux et écrit tous les textes de cet album ! Et si l’on ajoute que notre homme tient la guitare, chante et qu’il porte toujours sa traditionnelle chemise à carreaux lors des concerts, vous allez du coup me dire qu’à l’est (des Etats-Unis), il n’y a pas grand chose de nouveau…
Et vous n’auriez pas (complètement) tort. Ben oui quoi, on ne se refait pas ! Moore a beau ne plus jouer au sein de son groupe fétiche, il n’a pas composé pendant plus de 30 ans cette musique pour rien ! Ces breaks inattendus, les triturations de guitare, ce goût pour la dissonance, ce mélange improbable de mélodies presque pop et de digressions bruitistes au possible : Thurston Moore ne peut les renier tant il a ça dans le sang. Et l’on retrouve donc, sans surprise, ces ingrédients sur ces 10 morceaux de noise rock, comme au bon vieux temps. En témoignent les « classiques » « Frank O’Hara Hit » ou « Heavenmetal ». Mais un Sonic Youth qui n’aurait plus qu’un capitaine à bord (maman Kim n’est plus là –le couple s’est aussi séparé dans la vie- et Thurston s’en donne à cœur joie !), libre de faire tout ce qu’il veut : mettre une saturation et une lourdeur dans les guitares carrément dignes des Melvins sur certains passages (comme sur l’excellent « Alighted » et ses riffs métal hardcore) si ça le chante, proposer une reprise punk, au son très lo-fi, des Germs (« Communist Eyes ») en fin d’album ou, avec « Burroughs », rendre un hommage à l’écrivain américain au travers des derniers mots qu’il prononça avant sa mort.
Bref, notre homme s’amuse ici comme un gamin et se montre au meilleur de sa forme, à près de 55 ans, avec ce « Chelsea Light Moving », sorte de Sonic Youth, en plus lourd et moins prévisible que sur les derniers albums, qui aurait retrouvé le feu sacré. Une très bonne galette, équilibrée et variée (on y trouve aussi le spoken word « Mohawk »), d’où ressortent néanmoins les énormes « Sleeping Where I Fall » et « Alighted ». Chaudement recommandé !
(Album – Matador)
2 Comments
mg
Quel plaisir de voir un Thurston Moore faire encore des titres comme ce « Lip » ! Je suis à deux doigts de dire que ce Chelsea Light Moving est ce qu’il pouvait arriver de mieux à Sonic Youth !
piflechien
Merci pour cette bonne nouvelle du matin (enfin, « du matin », pour moi) !