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CLEAR (Snyder/Manapul)

COMICS. San Francisco, 2052. Grâce aux progrès technologiques, plus besoin d’ordinateur ou d’internet pour se connecter. Les gens sont directement branchés. Notamment aux voiles, des filtres qui permettent de choisir quelle apparence vous voulez donner au monde qui vous entoure. Années 80 avec survêts et T-shirts fluo ? Univers post-apocalyptique rempli de zombies ? Ambiance porno avec des nanas sexys à vos pieds ? Tout est possible pour éviter de voir la réalité du monde en face…D’ailleurs, rares sont ceux qui n’utilisent pas de voiles. A tel point que l’état a dû légiférer à ce sujet pour encadrer leur utilisation et interdire les voiles collectifs, trop dangereux (quelques années auparavant, il y a eu des suicides collectifs de masse…). Du coup, un trafic clandestin de voiles noirs s’est organisé…. Sam Dunes, qui préfère voir le monde « clear », tel qu’il est, a d’ailleurs été embauché par la femme d’un gros richard pour vérifier s’il essayait de la masquer derrière un voile noir…

Scott Snyder, l’un des scénaristes américains les plus intéressants de ces dernières années (on lui doit notamment American vampire), s’est ici associé au philippin Manapul pour créer Clear. Un récit policier d’anticipation captivant ! Qui repose sur un scénario aussi original qu’ambitieux, avec, en guise de clé de voute, cette blague (une histoire de fous qui mettent en scène une pièce de théâtre sur le toit de leur asile en train de brûler…) racontée par Baxter, le fils de Dunes, qui illustre aussi, de façon allégorique, le message, très critique, que Snyder veut ici faire passer. A savoir que ces « fous », ce sont les gens, qui fuient souvent la réalité, décevante, en se réfugiant dans des mondes virtuels (les voiles de Clear pourraient être les jeux vidéos, les réseaux sociaux ou encore alcool et drogues de notre présent). Sans parler, et c’est le deuxième niveau de lecture du récit, de certains gouvernements qui, grâce à leur beau discours et à la propagande, tentent de nous faire oublier certains aspects peu reluisants (par exemple, la façon dont les immigrants sont traités…) de notre réalité…

D’une grande maitrise, l’intrigue est superbement mise en images par Manapul. Son travail à la palette graphique est juste impressionnant. Le découpage est fluide et dynamique et le dessin, grandiose, d’une efficacité redoutable : les scènes de combat ou de poursuites sont parfaitement réglées et le dessinateur parvient aussi à faire cohabiter réalité et virtualité avec clarté et inventivité, parfois dans la même case ! Et la cerise sur le gâteau, c’est peut-être la tête, ou plutôt le casque, de Dunes, trouvaille visuelle marquante qui rappelle le masque de V pour Vendetta…Une histoire d’amour et de lanceur d’alerte brillante !

(Récit complet, 160 pages – Delcourt)

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