BD. Années 60. Daniel passe les vacances d’été à la campagne chez sa grand-mère. Cette année-là, son cousin n’est pas venu et il s’ennuie. Il y a bien les escapades en ville quand sa grand-mère lui offre un diabolo et des illustrés mais ce n‘est qu’une fois par semaine, le jour du marché. Le reste du temps, il aide la vieille dame au jardin et se balade le long de la rivière, non loin des moulins. Un jour, il rencontre Paul qui dit habiter à Ecoute s’il pleut, le moulin le plus en amont de la Bée. Il l’invite même, le lendemain, à y prendre une citronnade préparée par sa mère, veuve. Sauf que Martin, un ami de sa grand-mère, lui apprend ensuite que le moulin est abandonné depuis que Paul et sa mère en sont partis à la fin de la guerre. Cette dernière avait un amant allemand qu’elle aurait suivi lors du débarquement…
Eh non, cette fois il n’y a pas d’indiens dans le nouveau récit de Patrick Prugne. Après Pawnee, Iroquois, Tomahawk ou le plus récent Pocahontas, l’auteur a décidé de faire une petite pause. Une parenthèse imaginée pour lui par Rodolphe, scénariste attitré de la maison Daniel Maghen. Une histoire en apparence plutôt simple puisqu’elle raconte l’été un peu mortel d’un adolescent chez sa grand-mère mais qui se teinte, à mi-chemin, d’étrange avec ces “apparitions” de Paul et sa mère alors qu’ils sont censés avoir quitté le moulin et qui vont pousser Daniel et l’instituteur du village à enquêter sur Ecoute s’il pleut et ses mystérieux habitants…
Un scénario habile, parfaitement maîtrisé, qui utilise le fantastique pour nous parler d’amour, de jalousie, de guerre, de quête des origines, que Prugne met en images de son dessin habituel : un trait délicat rehaussé de superbes aquarelles dans des tons à dominante verte (l’histoire se passe en Normandie…) dont les effluves mélancoliques collent parfaitement au récit. Une parenthèse très réussie !
(Récit complet, 72 pages – Editions Daniel Maghen)