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FRAGILE/S (Martin)

ROMAN. Typhaine devrait être heureuse : elle vient d’accoucher, d’un garçon. Un garçon sain, qui plus est. Une rareté ! Grâce à son poste auprès du directeur de cabinet, et probable futur ministre de la justice, son mari a pu la faire entrer dans le programme révolutionnaire de néo-embryologie lancé par le régime des Néopatriotes, parti d’extrême-droite qui a pris le pouvoir suite à un coup d’état. 1500 femmes, dont Typhaine, en ont bénéficié. Un programme d’insémination qui vise à modifier le génome humain pour stopper la baisse de fertilité plus que préoccupante des hommes tout en évitant les naissances de nouveaux Fragiles, des enfants atteints de handicaps importants, comme Madeleine leur fille. Voilà pourquoi Typhaine s’est laissée convaincre par Gauthier, dont c’était l’idée. Pourtant, après quelques mois de vie avec Nolan et l’apparition de comportements étranges (son évolution, notamment cognitive, est incroyablement rapide et il semble, parfois, jouer un rôle…) chez son enfant, la jeune femme se demande à qui elle a confié son corps…

Restriction des libertés, femmes dépendantes des hommes, parti d’extrême-droite ayant pris le pouvoir par la force sous prétexte de stabilité et de survie de la civilisation, programme eugénique spécial mis en place pour combattre la stérilité des hommes : Fragile/s ne manquera pas de faire penser, bien entendu, au roman culte de Margaret Atwood, La Servante écarlate. Mais ce premier roman de Nicolas Martin n’est pas un simple clone. S’il est tout aussi politique (l’auteur alerte clairement, aussi, sur l’extrême-droitisation des sociétés occidentales, le coup d’état tenté par les supporters de Trump il y a 3 ans ou les résultats des dernières législatives en France, pour ne prendre que ces deux exemples, en attestent) et féministe (le roman, mordant, rappelle avec efficacité que les droits des femmes sont de plus en plus menacées un peu partout dans le monde, en Afghanistan mais aussi aux USA…), le thriller de Nicolas Martin, à la narration vivante (il varie les points de vue et les narrateurs et incorpore, même, des articles de journaux), se démarque grâce à son hybridité. Le roman dystopique, qui peut aussi se lire comme une métaphore de la parentalité (quel parent ne s’est pas interrogé, inquiet, sur l‘évolution de son enfant ou ses comportements parfois étranges ?) se teinte aussi, en effet, graduellement, de science-fiction.

Un récit d’anticipation inquiétant (et donc très réussi puisque c’est normalement l’un des buts visés…), servi par une écriture incisive, inventive aussi, parfois, qui fait étrangement écho aux résultats des dernières législatives…Et donc fortement conseillé !

(Roman, 432 pages – Au Diable Vauvert)

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